Économie

Un premier trimestre inquiétant

Publié le 02/05/2016
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La dégradation économique du réseau se poursuit. Les derniers chiffres d’IMS Pharmastat font état d’un recul de la marge d’environ 2 % entre le premier trimestre 2016 et celui de l’année précédente.

La marge a diminué de 29 millions d’euros sur les trois premiers mois de l’année par rapport au premier trimestre 2015. Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), « la situation économique des pharmacies est catastrophique ».

Certes, les derniers chiffres présentés par IMS Pharmastat montrent que la rémunération totale HT du réseau est meilleure en mars qu’en février : 477 millions d’euros contre 446 millions. Mais si l’on y regarde de plus près, la marge progresse de seulement 3,28 %, alors que le nombre d’ordonnances délivrées augmente de 5,56 % par rapport à l’année précédente, observe Gilles Bonnefond.

Ce qui lui fait dire que, « malgré l’augmentation d’activité, la marge se tasse ». Et pour le président de l’USPO, la nouvelle rémunération ne protégeant pas des baisses de prix, elle est responsable de cette mauvaise passe que traverse actuellement l’économie officinale. En effet, si l’on compare les résultats des premiers trimestres 2015 et 2016, on s’aperçoit que l’activité est stable (-0,04 %), mais que la marge recule de 2,09 %. Pourtant, affirme Gilles Bonnefond, « normalement, ce sont les trois mois les plus favorables avec la nouvelle rémunération », les ordonnances dispensées concernant essentiellement des traitements pour des pathologies aiguës.

Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), partage le constat de l’USPO sur la dégradation économique du réseau. En revanche, pour lui, cette situation n’a rien à voir avec la nouvelle rémunération. Au contraire, assure-t-il, grâce aux honoraires de dispensation, la rémunération du pharmacien est meilleure qu’elle l’aurait été avec l’ancien système reposant uniquement sur une marge commerciale, et donc dépendant entièrement des prix des médicaments.

En fait, les mauvais comptes des pharmaciens seraient dus à l’ampleur des baisses de prix sur les spécialités et aux mesures liées à la loi de financement de la Sécurité sociale. En effet, reconnaît le vice-président de la FSPF, la nouvelle rémunération reste insuffisante pour compenser les baisses de prix, et de nouvelles discussions avec les pouvoirs publics sont nécessaires. Il regrette, comme pour la ROSP génériques, que « les négociations conclues avec l’assurance-maladie soient ensuite détricotées par le gouvernement au niveau du CEPS* ». Philippe Besset souhaite que la prochaine convention prévoie un mécanisme permettant de compenser d’éventuelles baisses de prix décidées par ailleurs.

De son côté, Gilles Bonnefond entend alerter la ministre de la Santé avant qu’il ne soit trop tard. « Si l’on continue de laisser se dégrader la situation économique des officines, les pouvoirs publics ne pourront plus s’appuyer sur un réseau officinal homogène », prévient le président de l’USPO. Il demande que des discussions s’engagent avec le ministère avant le prochain PLFSS afin de dessiner un projet pour les trois ans à venir portant sur la rémunération, le réseau et l’évolution du métier de pharmacien.

* Comité économique des produits de santé.
Christophe Micas

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3262