LA RUMEUR bruisse depuis quelque temps. Elle finirait même par donner le frisson aux plus honnêtes des pharmaciens. Il faut dire que la vague de perquisitions qui frappe ces dernières semaines plusieurs grosses officines françaises ne passe pas inaperçue. Accompagnées de gendarmes et d’un représentant ordinal, les brigades d’intervention informatique (BII) débarquent dans les pharmacies, et au domicile des titulaires, pour y chercher des preuves. Des preuves de quoi ? On ne peut encore le dire précisément, mais ce qui est sûr, c’est que l’outil informatique retient toute l’attention des inspecteurs. L’importance des moyens mis en œuvre – il s’agit de perquisitions sur commission rogatoire –, mais aussi l’intrusion dans la sphère privée des titulaires, choque les intéressés. « Ils ont frappé chez moi à 6 h 30 du matin, et ont fait sortir tout le monde. Ils étaient une dizaine et ont cherché partout, y compris dans la piscine », témoigne l’un d’entre eux. « Ils sont même allés jusqu’à fouiller dans une urne funéraire », dit un autre. À noter que, jugeant les mobiles de son contrôle injustifié, un pharmacien du nord-est de la France a fait appel de l’ordonnance de perquisition.
Soupçon d’évasion fiscale.
À Strasbourg, Nîmes, Amiens ou encore Paris, la procédure est partout la même. Et les cibles se ressemblent. De très grosses officines équipées d’une même fonctionnalité informatique. Du coup, les rumeurs vont bon train, alimentant la peur et parfois le fantasme. Des logiciels « voyous » favorisant l’évasion fiscale seraient la cause de cette immense traque. La pharmacie est aussi un commerce, et, comme tout commerce, elle n’échappe pas au soupçon de fraude fiscale. La preuve que chercherait le fisc ? Un outil informatique capable d’effacer les traces d’interventions de titulaires indélicats sur leurs livres de comptes… Pour l’heure, aucune brebis galeuse n’a été livrée en pâture à l’administration fiscale.
Ce qui est sûr, c’est que, en pleines négociations pour revaloriser la rémunération des pharmaciens, cette affaire au fumet de scandale tombe bien mal…
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