DE NOMBREUX emplois en officine pourraient bien disparaître. Selon une enquête réalisée par l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF)*, près de 40 % des titulaires envisagent, en effet, une réduction d’effectif dans les douze prochains mois. Ce qui aggraverait la situation puisqu’environ 40 % déclarent s’être déjà séparés de salariés au cours de l’année précédente. Autre signe de la gravité de la situation : 17 % des titulaires qui ont réduit leur personnel en 2008, se verront contraints de recommencer cette année. Et encore, les résultats de l’étude ne permettent pas d’identifier ceux qui, exerçant seul dans leur officine, sont dans l’incapacité de licencier des collaborateurs, même si leur entreprise va mal.
Pour Catherine Morel, vice-présidente de l’UNPF chargée des affaires professionnelles, cette enquête montre l’impact des difficultés économiques sur l’emploi en officine. Ainsi, les pharmacies qui ont procédé à une réduction de leur effectif sur les douze derniers mois ont utilisé le licenciement économique (90 réponses), la réduction des horaires (72) ou le non-renouvellement d’un contrat à durée déterminée (74). Le plus fréquemment, le départ du salarié intervient à la suite d’une rupture conventionnelle (126 réponses). Mais, on le sait, cette option cache bien souvent des licenciements déguisés. Enfin, le licenciement pour raisons disciplinaires ou autre est le moins courant (26 réponses).
Une baisse de la masse salariale.
La plupart du temps, les titulaires qui se sont séparés de collaborateurs ont d’abord vécu en moyenne dans la difficulté pendant un an avant de s’y contraindre, observe Catherine Morel.
Pour la vice-présidente de l’UNPF, les résultats de l’enquête viennent donc vérifier les craintes exprimées depuis quelque temps par son syndicat. Déjà, les chiffres de la masse salariale** avaient levé au sein de l’UNPF des inquiétudes concernant l’emploi à l’officine. Depuis dix ans, celle-ci évoluait positivement : + 3,66 % en 2005, + 5,11 % en 2006 et + 9,23 % en 2007. Et puis patatras, une cassure brutale intervient en 2008, avec une chute de 2,21 %.
Des solutions.
Dans ce contexte préoccupant, l’UNPF tire donc aujourd’hui le signal d’alarme. Le syndicat compte même adresser les résultats de son enquête aux pouvoirs publics. Car, s’indigne Catherine Morel, l’économie ne peut pas régler seule l’avenir du réseau. « Les pouvoirs publics doivent contribuer à aider les regroupements d’officine et ne pas laisser des pharmacies aller à la casse », estime la vice-présidente de l’UNPF. Et de proposer une nouvelle fois la refonte de la politique des grands conditionnements qui coûtent chers aujourd’hui à la profession. Autre piste proposée par Catherine Morel permettant aux pharmaciens de sortir la tête de l’eau, la révision du principe liant le nombre d’adjoints au chiffre d’affaires réalisé par l’entreprise. Dans ce climat de morosité, la récente publication au « Journal officiel » du décret créant les centrales d’achats pharmaceutiques (« le Quotidien » du 29 juin) apparaît à ses yeux comme une bonne nouvelle pour l’économie. D’autant que, souligne-t-elle, cette idée a été portée par l’UNPF et son président, Claude Japhet.
** Selon l’INSEE, la masse salariale est le cumul des rémunérations brutes des salariés de l'établissement (hors cotisations patronales).
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