La menace plane sur la pharmacie tarbaise Saint-Antoine et son équipe*. En effet, le jugement prononcé en décembre par la cour d’appel de Bordeaux annule l’autorisation de son transfert réalisé en 2015.
Tout commence en 2010, quand Daniel Bullet reprend la Pharmacie Saint-Antoine dans le quartier tarbais du même nom. Cette officine en liquidation reste fermée 7 mois avant qu’il ne puisse rouvrir : « j’avais perdu 2/3 des clients », avoue-t-il. Il tente alors de redresser l’entreprise, espérant un futur transfert.
En 2015, il demande son transfert dans le quartier de l’ancien Arsenal, à côté d’un centre de santé** qui vient d’ouvrir. Malgré les avis défavorables de l’Ordre des pharmaciens et d’un syndicat, l’ARS accepte le transfert. La décision est immédiatement attaquée par trois pharmacies tarbaises. Par deux fois, le tribunal administratif de Pau rejette leurs recours, avant que la cour d’appel ne se range à leurs arguments.
Atterré, Daniel Bullet poursuit son exercice tout en mobilisant la population et sa clientèle : « Mon officine n’est qu’à 382 mètres de l’ancienne et a conservé toute sa clientèle, précise-t-il. Les patients l’ont bien compris, une pétition de soutien a recueilli 1 000 signatures en 3 semaines. »
Le jeu de Leclerc ou Carrefour
Autre son de cloche chez Me Leplat, avocat des plaignants : « Ce transfert ne satisfait pas aux règles du code la santé publique qui sont très précises. Le quartier n’est pas le même et c’est un quartier sans habitants… La cour d’appel l’a reconnu. Malheureusement, l’État refuse d’appliquer une décision de justice et la pharmacie continue de vendre… »
Son client, Bruno Grattarola, titulaire de la Pharmacie de Laubarède va plus loin : « Ce transfert était une négation du monopole. À terme il fait le jeu de Leclerc ou Carrefour. Notre profession n’est plus respectée. Et il est inadmissible que le jugement ne soit pas appliqué. »
Querelles d’un autre âge
Plus conciliant, cet autre titulaire tarbais affirme : « Il était évident d’ouvrir une officine dans le quartier de l’Arsenal. Le service à la population est indéniable et sa fermeture serait une catastrophe. Ce sont des querelles de clocher d’un autre âge. »
Pour l’heure, Daniel Bullet a déposé un nouveau dossier de transfert : « A 64 ans, j’envisageais ma retraite, indique-t-il. Un dépôt de bilan, un plan de redressement, 3 semaines de vacances en 9 ans… tout cela m’a déjà coûté 3 pontages, mais je reste pour continuer le combat. Dommage que cela se passe comme ça… Nous aurions pu envisager un regroupement qui aurait facilité nos exercices et ma sortie… »
Ses adversaires se déclarent prêts à déposer un nouveau recours. Le dossier est loin d’être clos.
* 1 pharmacien titulaire, 4 préparateurs, 1 stagiaire.
** Le Pôle de santé regroupe plusieurs généralistes, des kinés et des dentistes.
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