LES PHARMACIENS avaient placé beaucoup d’espoir dans la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), actuellement examinée par les parlementaires. Celle-ci semble avoir tenu toutes ses promesses. Les députés viennent, en effet, d’adopter le principe du « pharmacien de coordination », terme qui, au cours des débats, a supplanté celui de « pharmacien traitant », jugé trop provocateur par certaines organisations de médecins.
Ce nouveau statut marque un tournant dans l’exercice officinal, car il élargit le champ de compétences des confrères. En effet, le pharmacien de coordination, choisi par le patient, pourra, en collaboration avec le médecin, renouveler des traitements chroniques, ajuster au besoin leur posologie, et effectuer des bilans de médications destinés à en optimiser les effets. Une petite révolution. Mais avant de devenir effectif, un décret en Conseil d’État doit encore fixer les conditions d’application du nouveau statut. Des expérimentations au niveau régional seront également nécessaires.
Les missions précisées.
Au-delà du pharmacien de coordination, les députés ont décidé de clarifier les attributions des officinaux dans le code de la santé publique (voir encadré). Même si certaines de ces missions sont déjà assurées quotidiennement par les pharmaciens, elles n’avaient jamais été officiellement reconnues, et le rôle du pharmacien se cantonnait, dans les textes, à la dispensation des médicaments.
Au final, ces nouvelles missions « tracent la vision de ce que peut être le pharmacien en tant que professionnel de santé », estime Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), tout en insistant sur le fait que l’ensemble des dispositions concernant la pharmacie ont été votées à l’unanimité. Pour lui, ces avancées imposent désormais d’engager une réflexion sur une évolution du mode de rémunération.
« Le champ d’activité des pharmaciens d’officine est précisé et valorisé », se félicite pour sa part l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). « Le rôle des officinaux n’est plus limité à la dispensation pharmaceutique », ajoute le syndicat présidé par Claude Japhet. « Ce vote représente la conclusion de cinq ans de travail pour notre organisation », affirme de son côté Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « C’est une très bonne nouvelle », renchérit Pascal Chassin, président de l’Action pharmaceutique libérale d’union syndicale (APLUS).
Également satisfait des mesures adoptées, Pascal Louis, président du Collectif des groupements, estime cependant qu’« un gros travail de construction de ces nouvelles missions reste à faire ». Et rien ne pourra se faire sans le corps médical. « Nous avons d’ores et déjà pris contact avec un syndicat de médecins et nous allons immédiatement nous mettre au travail pour que cette coordination des soins se mette en place », annonce Pascal Louis.
Le conseil, un soin de premier recours.
Au côté de ces nouvelles missions, les députés ont également entériné l’inscription du conseil pharmaceutique dans les soins de premier recours. Une façon « d’impliquer davantage le pharmacien d’officine dans l’offre de soins de premier recours », estime l’UNPF. Gilles Bonnefond indique pour sa part qu’il va se rapprocher des organismes complémentaires afin qu’ils prennent en charge le conseil pharmaceutique désormais reconnu comme un acte de santé.
Un bémol toutefois au milieu de ces bonnes nouvelles : l’Assemblée nationale a rejeté l’idée de permettre aux officinaux de dispenser des services à la personne, suivant ainsi l’avis du gouvernement. « Le déploiement des services d’aide personnelle peut être intéressant, mais nécessiterait un personnel nombreux », a argumenté Roselyne Bachelot lors des débats. La ministre de la Santé considère, en effet, qu’« il ne faudrait pas que le seul pharmacien titulaire d’une officine se trouve éloigné de celle-ci par des activités autres que sa mission principale ».
Un travail d’équipe.
Ce refus d’accorder aux confrères de participer au dispositif des services à la personne contrarie finalement assez peu les organisations professionnelles, largement satisfaites des autres dispositions adoptées. Pour l’UNPF, par exemple, celles-ci « constituent une innovation ainsi qu’une grande avancée dans la reconnaissance et l’évolution des missions du pharmacien ». Le syndicat se félicite d’avoir contribué à l’ouverture de ces nouvelles perspectives avec l’ensemble de la profession. Car il s’agit bien d’un travail d’équipe. Les amendements défendus sont en effet le fruit d’une collaboration étroite entre les syndicats (FSPF, UNPF, USPO et APLUS), l’Ordre, l’Association de pharmacie rurale (APR) et le Collectif des groupements. Les organisations ont maintenant l’œil rivé sur le Sénat qui examinera à son tour le projet de loi HPST à la fin du mois.
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