Orienter les patients souffrants chez des pharmaciens formés avant de les rediriger vers les médecins ou les urgences, telle est l'expérimentation testée en Bretagne depuis l'automne 2021. Ce dispositif, qui concerne les situations bénignes (lombalgie, diarrhée, conjonctivite, plaie simple, brûlure légère…), a pour but d'offrir une réponse rapide aux malades et de désengorger les urgences. Avant une possible généralisation à tout le territoire… Interrogés par nos confrères du « Quotidien du Médecin », les médecins ne semblent guère enthousiastes à l'idée. Dans un sondage abordant la question (« Faut-il déléguer aux pharmaciens la prise en charge des petits bobos du quotidien ? »), mis en ligne lundi dernier et recueillant 258 réponses, 69 % sont négatives, 27 % positives, et 3 % des internautes ne se sont pas prononcés.
Chacun chez soi
Beaucoup y voient la captation des pharmaciens de ce qui est « historiquement » une de leurs prérogatives, et certains, le premier signe d'un but bien plus ambitieux : « Ce ne sont pas les petits bobos qui sont dans les projets gouvernementaux, ce sont les plaies lourdes, les brûlures profondes… là, c'est juste la technique du pied dans la porte. » Les critiques sont plus focalisées sur les priorités gouvernementales : « Je respecte nos collègues pharmaciens, mais je ne comprends pas pourquoi on me met de tels bâtons dans les roues pour une activité de téléconsultation, tandis que l'on va confier le premier recours aux pharmaciens qui sont hypercompétents en pharmacologie, mais n'ont pas de formation en pathologie en dehors de leur pratique », s'interroge un médecin. D'autres, sarcastiques, proposent en retour, d'autoriser les médecins à vendre des médicaments. Une pharmacienne bretonne participant à l'expérimentation témoigne de ce genre de réflexions : « Certains (médecins) ne comprennent pas cette démarche. Ils me disent que j’outrepasse mon métier ! »
Pour les pharmaciens, le débat est ailleurs : « Les médecins généralistes ne sont plus suffisamment nombreux et manquent de temps. Il est proposé de faire face ensemble aux problèmes de la population », explique l'un d'entre eux. Un autre voit cette initiative comme gagnant-gagnant : « Si des médecins ne veulent pas que d'autres pros prennent en charge de la très petite pathologie, ils devraient logiquement se porter volontaires pour se farcir la bobologie… en fait beaucoup de médecins sont bien d'accord pour ne pas être dérangés intempestivement pour ces broutilles ! ».
Un mal nécessaire ?
Chez certains, un certain fatalisme s'est installé : « Il fallait bien que l’État trouve des solutions, même si ça ne plaît pas. De nombreux patients ne trouvent pas de solution pour une prise en charge médicale. N’aurions-nous pas scié nous-mêmes la branche sur laquelle nous étions assis ? Beaucoup d’entre nous refusent les nouveaux patients… », témoigne un médecin, un peu désabusé.
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