En 2022, le nombre d'ouverture de procédures collectives a poursuivi sa décrue. 50 titulaires se sont déclarés forfait, contre 59 en 2021. Une tendance inverse à ce qui est observé sur l'ensemble des entreprises françaises, toutes branches confondues. « En 2022, relève Interfimo*, le nombre de défaillances a subi une hausse exceptionnelle de 50 % après deux années de baisse consécutive liées aux mesures gouvernementales soutenant les entreprises françaises. »
En dehors des facteurs conjoncturels qui mènent le plus souvent à ces procédures, le marché officinal continue de subir des effets structurels. Car la pyramide des âges accentue ses formes ! Le nombre de départs à la retraite continue de se maintenir à un niveau élevé, un phénomène qui ne cesse d'évoluer graduellement depuis 2018. Le réseau a ainsi comptabilisé 1 750 départs en 2022. Dix ans auparavant, ils n'étaient que 1 426 titulaires à faire valoir leurs droits à la retraite.
Sur le marché de la pharmacie, cependant, toutes les officines ne sont pas égales. Car si 2,4 procédures collectives pour 1 000 pharmacies ont été enregistrées l'année dernière, contre 2,8 pour 1 000 pharmacies un an auparavant, certaines régions sont plus sinistrées que d'autres. Ainsi, ce taux atteint 4,6/1 000 en Île-de-France, 4/1 000 en Centre-Val-de-Loire et 3,6/1 000 dans les Hauts-de-France. Des évolutions qui peuvent, dans certaines régions, être inquiétantes tant elles rognent la densité du maillage officinal. Lanternes rouges, Paris présente un taux de 9,1 défaillances pour 1 000 pharmacies et les DOM-CROM, 11,7/1 000.
A contrario, d'autres régions semblent plus clémentes à l'exercice officinal. C'est le cas d'Auvergne-Rhône-Alpes et des Pays-de-la-Loire qui enregistrent moins d'une procédure pour 1 000 pharmacies. Au niveau global, aucune alerte significative n'est à relever. Interfimo observe même que les redressements décroissent rapidement (10 contre 16 en 2021, et même 50 en 2018 !) même si le nombre des mesures de sauvegarde s'infléchit plus lentement : 6 contre 10 en 2021 et 18 en 2018. En revanche, si l'exercice 2022 a enregistré une liquidation supplémentaire par rapport à 2021, « le secteur a bénéficié des effets de la crise Covid, de certaines mesures de soutien comme le prêt garanti par l'État (PGE) et des performances économiques exceptionnelles », souligne l'étude Interfimo.
La convention fera le jeu
Rien ne permet de prédire cependant que ces conditions favorables perdureront. Bien au contraire. « Nous connaissons actuellement une dépression post-Covid et l'économie officinale renoue avec les problématiques de 2019. Celles-ci étaient sous cloche pendant la crise sanitaire et il a été impossible jusqu'à présent de les faire entendre par l'assurance-malaldie », analyse Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Aujourd'hui, en revanche, il y a urgence à s'occuper des difficultés que connaît l'officine de 2023. Certes, des solutions pragmatiques existent sur les territoires. Comme pour ces pharmacies rurales, seules au village et d'un chiffre d'affaires conséquents, qui ne parviennent pas à trouver du personnel. « Elles peuvent gagner en attractivité sur le marché de l'emploi en proposant une semaine de quatre jours », propose le président de la FSPF. De même, pour les officines isolées et disposant de peu de moyens, le décret territoires fragiles pourra apporter certaines solutions. Toutefois, Philippe Besset est lucide « ces aides resteront spécifiques ». Pour celui qui s'apprête à entamer de nouvelles négociations avec l'assurance-maladie, les véritables réponses aux difficultés économiques que connaît le réseau seront données à l'automne. Et de promettre « Tout se jouera sur le volet économique de la convention. »
*Études de 2023. Prix de cession des pharmacies en 2022. Interfimo.
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