Santé des femmes

Le fibrome utérin, première cause d'hystérectomie en France

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Publié le 20/04/2023
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La maladie fibromateuse utérine (MFU) est une pathologie complexe et invalidante qui impacte lourdement la vie et la santé des femmes. Elle reste encore aujourd'hui méconnue et sous-estimée et sa banalisation enferme celles qui en souffrent dans la douleur et la solitude.

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Le recours à la chirurgie est trop rapide et trop fréquent
Crédit photo : Burger/Phanie

Les fibromes se développent suite à un déséquilibre hormonal de l'estrogène et de la progestérone. Uniques ou multiples, ils peuvent varier d’une taille de quelques millimètres à plus de 20 centimètres de diamètre.

Selon leur localisation, on en distingue trois types (classification FIGO 2011) : sous-muqueux, interstitiels ou intramuraux, et sous-séreux. Environ 30 à 50 % des femmes de plus de 40 ans présentent des signes échographiques de fibrome utérin sans jamais avoir eu de diagnostic auparavant. Certains ne seront jamais symptomatiques, ils se manifestent cliniquement pour 1 femme sur 4 avec des retentissements préjudiciables sur leur vie intime, sexuelle et socioprofessionnelle. Les facteurs de risque identifiés sont l'âge (la prévalence en France est d'environ 25 % de 40 à 50 ans, et peut atteindre 50 % à plus de 50 ans), l’appartenance ethnique afro-américaine et africaine, la précocité des règles, la nulliparité, les antécédents familiaux, le syndrome des ovaires polykystiques et l’hypertension artérielle. Les perturbateurs endocriniens pourraient être potentiellement impliqués.

Les symptômes les plus fréquents dont se plaignent les femmes sont des pertes de sang très abondantes au moment des règles (ménorragies) et/ou entre les règles (ménométrorragies ou métrorragies), des douleurs pelviennes avec la perception d’une masse au bas du ventre, des rapports sexuels douloureux. D'autre part, la compression exercée par les fibromes sur des organes vitaux peut occasionner de graves problèmes comme des constipations chroniques (compression des intestins et du rectum), des hémorroïdes (compression de veines), des envies fréquentes d’uriner, pollakiurie (compression de la vessie). Il y a également un risque de thrombose, de phlébite et d’anémie sévère. Le fibrome a aussi un impact sur la santé reproductive avec un nombre très élevé de fausses couches et comme conséquence ultime l’infertilité. Pour autant, les fibromes utérins ne peuvent pas dégénérer en cancer.

Des traitements peu spécifiques et peu satisfaisants

Alors que les douleurs ressenties chez les femmes atteintes de ménorragies sont très intenses, seulement 50 % d'entre elles consultent un médecin, en moyenne 2,4 ans après l’apparition de leurs symptômes et il faut ensuite 2,2 ans supplémentaires pour obtenir le diagnostic. Ces chiffres sont la preuve que le sujet des règles abondantes est non seulement encore tabou, mais banalisé et sous-estimé. « Comme pour l'endométriose, la souffrance des patientes pendant les règles doit être normalisée car elle les emprisonne dans leur douleur et conduit à une errance médicale et un retard de diagnostic », commente Rebecca Lefebure, chargée de la veille scientifique et des relations avec les autorités sanitaires au sein de l’association Fibrome Info France.

Malheureusement, il n’existe, encore aujourd’hui, aucun traitement médical permettant la disparition des fibromes ou limitant leur évolution. Les traitements médicaux ont pour seul objectif de traiter les symptômes (médicaments hormonaux ou non hormonaux diminuant le volume des saignements, antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens, prescription de fer). Ces traitements étant jugés peu satisfaisants par les patientes, mais aussi par les professionnels de santé, le recours à une intervention chirurgicale, le plus souvent une myomectomie (ablation de fibromes utérins) jusqu'à l'ablation de l’utérus (hystérectomie), ou à des procédures de radiologie interventionnelle, est trop rapide et trop fréquent. « Le fibrome doit faire l’objet d’un avis spécialisé lorsqu’il est dépisté, les médecins comme les patientes doivent savoir qu’on ne retire pas un utérus pour un fibrome asymptomatique (d'autant plus qu'il récidive dans 30 % des cas). Il existe plusieurs alternatives qui doivent relever du choix des patientes, souligne Géraldine Giraudet, chirurgien gynécologue (hôpital Le Bois à Lille). Il y a des prises en charge multiples en fonction du profil des patientes, elles doivent être en cohérence avec leurs problématiques : leur désir de grossesse à l’avenir, leur âge, la localisation des fibromes, leur nombre, leur taille. Chez les femmes sans désir d’enfants, une endométrectomie consistant à retirer l’endomètre peut être une alternative chirurgicale pour traiter les saignements liés au fibrome. Il existe aussi des solutions non chirurgicales de radiologie interventionnelle, comme l’embolisation des artères utérines », indique la gynécologue.

 

D'après une conférence du Laboratoire Gedeon Richter et les résultats de l’enquête Ménovie.

Christine Nicolet

Source : Le Quotidien du Pharmacien