Bâle

La nuit où les enfants deviennent pharmaciens

Publié le 30/06/2016
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Installé dans un ensemble de maisons anciennes appartenant à l’université, le musée d’histoire de la pharmacie de Bâle (voir encadré) aborde le passé de manière à la fois scientifique et patrimoniale. Une nuit par an, il invite la population à retrouver les gestes et les métiers de la pharmacie d’autrefois, et même à s’initier à la préparation magistrale.
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Crédit photo : DDB

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Depuis 2000, les 40 musées de la ville organisent simultanément, en janvier, une « nuit des musées » pendant laquelle les visites se doublent de concerts, de conférences, mais aussi de démonstrations liées à leur activité et de dégustations culinaires. Le musée de la pharmacie s’est associé dès le début à la manifestation, devenue pour lui un important outil de promotion.

« Nous accueillons à peu près 12 000 visiteurs par an, explique Ursula Hirter, pharmacienne et conservatrice du musée, dont 4 000, soit un tiers, viennent pendant la nuit des musées. » Rançon du succès, on se bouscule dans ses couloirs et ses escaliers pittoresques, trop étroits pour une telle foule. Heureusement, l’une de ses grandes salles, abritant des collections de pots et d’animaux, est suffisamment vaste pour accueillir un buffet proposant des succulentes pâtisseries… tandis que des stands dans la cour servent des saucisses et du vin chaud.

Mais la grande attraction du musée ce soir-là, c’est la salle des préparations : les enfants peuvent « préparer » eux-mêmes, avec l’aide du personnel, une crème pour les mains qu’ils remportent ensuite chez eux dans des petits pots. En fait, explique Mme Hirter, la crème est offerte, en vrac, par un fournisseur partenaire, mais les enfants doivent y adjoindre quelques arômes, puis la peser et la conditionner.

Ils aiment tellement ça qu’ils font parfois plus d’une heure de queue pour arriver au préparatoire : « nous avions lancé cela, il y a quelques années et, vu le succès, c’est devenu une tradition », s’amuse-t-elle. Autres temps forts de la soirée, de vrais pharmaciens volontaires, industriels ou officinaux, préparent des comprimés et des dragées avec des instruments anciens, et dialoguent avec le public qui se presse autour d’eux.

Les autres musées

Plus la soirée avance, et plus le musée se remplit : il est prudent d’arriver tôt, tant pour profiter des collections et des animations, que pour continuer ensuite à se promener en ville. Un détour par le « musée des cultures » permet de découvrir une exposition co-organisée par le musée de la pharmacie sur l’opium, « cette drogue légale devenue illégale ».

Un peu plus loin, le musée du jouet propose cinq étages uniques - mais bondés - d’ours, de poupées et autres automates, tandis que le musée des pompiers, presque voisin du musée juif où l’on parle d’amour, a sorti ses plus belles pompes et ses plus beaux uniformes. Le musée d’anatomie propose au public de se transformer en légistes amateurs, et le musée historique s’intéresse, lui, à la solidarité et au courage.

La collection d’antiquités présente des bronzes grecs récemment repêchés en mer Égée, pendant que les serres du jardin botanique retracent l’épopée du cacao. Des trams bringuebalants mais rutilants, ressortis du musée des transports, font la navette entre les fondations d’art situées aux environs de la ville.

À deux heures trente, toutes les collections retrouvent leur calme et les pharmaciens, réels ou en herbe, vont eux aussi se coucher… en se jurant de revenir l’an prochain.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3278