La pharmacie, un patrimoine vivant

À Obernai : Sainte-Odile, patronne d’officine

Publié le 12/07/2010
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Pour Olivier Stahl, titulaire de l’officine Sainte-Odile d’Obernai, commune du Haut-Rhin qui compte 11 000 habitants, exercer sous le regard d’une sainte c’est, en quelque sorte, avoir une protection. Impression confirmée par la longue histoire de sa pharmacie, créée en 1760, qui a réussi à traverser guerres et invasions tout en conservant son apparence d’origine, ou presque.
Modernisée en 2006, la pharmacie a conservé ses boiseries d’époque

Modernisée en 2006, la pharmacie a conservé ses boiseries d’époque
Crédit photo : dr

La pharmacie dans les années 1920

La pharmacie dans les années 1920
Crédit photo : dr

Le tableau peint par Ferdinand Schultz-Wettel pour l’enseigne mentionne encore le nom du...

Le tableau peint par Ferdinand Schultz-Wettel pour l’enseigne mentionne encore le nom du...
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DÉCORÉE de superbes boiseries vernissées, la pharmacie Sainte-Odile reste, malgré d’importants travaux réalisés en 2006, l’un des témoins immobiliers du patrimoine historique local. Une histoire qui s’écrit avec les miracles réalisés par une sainte, fille d’un duc d’Alsace, née aveugle, guérie par Saint Erhard, qui construira un monastère, et deviendra la véritable figure emblématique de cette région. Entre le mont - tristement célèbre pour la catastrophe aérienne qui fit 90 morts en 1992 -, la rue principale d’Obernai (et de bien d’autres villages alentour) et la pharmacie, Sainte-Odile est omniprésente, à la grande satisfaction des résidents. « Dans notre cas, elle orne notre frontispice depuis toujours, souligne Olivier Stahl, veillant sur nos activités comme sur nos patients. »

Un agrandissement positif.

Au cœur de l’Alsace de cartes postales, la cité, dont le cœur est classé, propose de multiples opportunités de visites culturelles chargées d’histoire. L’officine d’Olivier Stahl en fait un peu partie, attirant les curieux par son décor et un tableau représentant la Sainte signé du réputé peintre régional Schultz-Wettel, réalisé en 1922 à la demande du grand-oncle de l’actuel titulaire. Autre spécificité remarquable, un large comptoir en ronce de noyer garni de tiroirs en plaques émaillées portant le nom latin des plantes contenues. Un meuble de présentation complète l’ensemble, dans lequel s’intègrent discrètement les outils modernes et incontournables de l’informatique, le tout sous le regard bienveillant de l’icône, qui, en robe d’abbesse, offre à boire à un vieillard. La légende veut que, en fait, rencontrant l’assoiffé, elle aurait frappé de sa crosse un rocher, faisant jaillir une eau salvatrice.

« Elle nous protège peut-être, mais ici nos seuls soucis professionnels sont ceux d’une pharmacie ordinaire, avec des préoccupations quotidiennes liées à la situation globale de notre activité, explique d’Olivier Stahl. Contraintes économiques, réglementation, économies des services de santé et plans de réduction de la consommation médicale. Le tout, lié en ce qui me concerne aux charges et emprunts consécutifs à nos travaux et qui nous oblige à développer une action commerciale rentable et compétitive. »

Car la pharmacie Sainte-Odile, à l’issue d’un réaménagement, a doublé sa surface de vente, une nécessité qui, dans les 170 m2 ouverts au public, permet une amélioration de la circulation, un élargissement des allées, une meilleure mise en avant de tout ce qui est placé en libre-service. Enfin, le confort des patients a été augmenté, l’espace où ils s’entretiennent avec l’équipe officinale étant désormais plus intime. Dans ce nouveau schéma, l’herboristerie a été particulièrement développée. Quant aux résultats issus de ces transformations, ils sont jalousement gardés. Sainte-Odile doit certainement en savoir plus, mais il ne faudra pas compter sur elle pour révéler des secrets qui ne lui appartiennent pas.

JEAN-MARC DEMARIA/AMP

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2766