À AUVERS-SUR-OISE, la fée verte a son musée. Une histoire qui commence avec l’achat d’une cuillère à absinthe aux Puces en 1981. De là, Marie-Claude Delahaye entame une fabuleuse collection. Symbole de la société culturelle et artistique du XIXe siècle, l’absinthe ne pouvait rêver meilleur endroit que le pays des impressionnistes pour que soit à nouveau racontée son histoire, après 80 ans d’oubli.
On apprend que l’absinthe est une armoise (artemisia absinthium en latin) qui servit très tôt de plante médicinale, utilisée par exemple pour la digestion, la circulation du sang et contre la fièvre. On repense alors aux pots à pharmacie toujours conservés dans les apothicaireries de Franche-Comté où l’on a souvent vu écrit son nom. C’est justement dans cette région française, à Pontarlier, que s’installe la première distillerie française d’absinthe Pernod et Fils, en 1805. Quelques années auparavant, en 1797, la recette de la fameuse liqueur avait été mise au point par une certaine Mme Henriot, puis achetée par Henri-Louis Pernod et le major Dubied qui fondèrent la toute première distillerie en Suisse, à Neuchâtel, en 1798. Le succès de l’absinthe ne gagne la capitale parisienne qu’au retour des soldats d’Algérie au cours des années 1840. Habitués à boire la liqueur pour se protéger de la dysenterie ou de la malaria durant les conflits, ils continuent leur consommation dans les cafés parisiens où il faut bientôt commander des fontaines à absinthe pour répondre à la demande, toujours plus grande. La bourgeoisie surtout, les artistes et les intellectuels en font leur boisson de prédilection, celle qui, disent-ils, favorise leur créativité et leur inspiration. Baudelaire écrit son Spleen tandis que Degas peint la Buveuse d’Absinthe… Mais, bientôt, la muse verte, que l’on consomme selon un rituel bien particulier, devient l’alcool « qui rend fou ». La cause : la thuyone, une molécule qui entraîne de graves convulsions, voire des crises d’épilepsie. Celle-ci se trouvait en grande concentration dans l’absinthe du XIXe siècle. La boisson sera donc définitivement interdite en 1915.
Le musée, savamment construit par Marie-Claude Delahaye, nous apprend tout sur l’absinthe. Des anciens pots de pharmacie aux grandes affiches publicitaires du XIXe siècle, la liqueur de légende revit, non seulement comme élément essentiel de l’histoire du XIXe siècle mais aussi comme boisson à nouveau autorisée grâce à une formule moins nocive, dans un petit verre servi au bar du musée.
Et les livres de Marie-Claude Delahaye sur l’histoire de l’absinthe.
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin