Flèri nowèl en créole, Chromolaena odorata (syn. Eupatorium odorata) de la famille des Astéracées, est une plante vivace et buissonnante, atteignant les 3 m de hauteur, originaire d’Amérique tropicale. Elle s’est largement répandue dans les régions tropicales des Amériques et des Caraïbes et a été introduite en Asie du sud-est, en Afrique et en Australie. Elle est considérée actuellement comme une des plantes les plus envahissantes de la planète, dépassant même les zones tropicales, en raison de sa capacité à se disperser sur de grandes distances grâce à ses graines plumeuses. C’est devenu une des mauvaises herbes les plus communes dans les cultures. Une réponse à cette invasion est de la récolter pour en faire un compost fournissant un engrais de qualité. Elle peut aussi être incorporée comme fourragère dans l’alimentation des animaux avec une teneur maximale de 5 %. En revanche, la lutte biologique ne donne pas des résultats probants.
Un akène surmonté d'un pappus
Les tiges charnues portent de longues feuilles de 15 cm, odorantes, dentées à trois nervures et des fleurs bleues ou blanches disposées en panicules composés de nombreux capitules. La graine est un akène brun ou noir de 5 mm de long surmonté d’un pappus qui facilite sa dispersion par le vent.
Cet arbrisseau connaît de nombreux usages à travers la Caraïbe et d’autres pays comme le Vietnam. En usage externe, les feuilles sont utilisées en cataplasme comme cicatrisant sur les plaies, les furoncles et les ulcères, comme anti-inflammatoire et en bain contre les affections cutanées. En usage interne, les feuilles sont plus particulièrement renommées, en infusion ou en décoction, contre les refroidissements, la toux, le rhume et la diarrhée. Aux Antilles françaises, on les emploie aussi dans les dyspepsies ou les descentes de matrice et comme tonique.
Par voie orale, la décoction de racine est réputée comme antigrippale, stomachique et emménagogue. La plante est également utilisée dans plusieurs pays africains comme un antispasmodique, antiparasitaire, antihypertenseur et antibactérien.
La feuille renferme des flavonoïdes (acacétine, vélutine, tamarixétine, micanine, sakuranétine, salvigénine, lutéoline, pectolinarigénine, dillenétine), une huile essentielle (eupaténol, trans-caryophyllène, d-cadinène et copaène), des triterpènes (lupéol, b-amyrine, β et α-sytostérol, époxylupéol), des phytostérols (sitostérol, daucostérol). Des traces d’alcaloïdes pyrrolizidiniques (< 0,03 ppm, poids sec) se trouvent dans les feuilles et les tiges, sous forme notamment de dérivés N-oxydes de la rindérine. La teneur en alcaloïdes pyrrolizidiniques dans la racine est plus élevée (environ 3 ppm).
Pas d’indications officielles mais de nombreux usages traditionnels
Des effets cicatrisant et hémostatique :
Un extrait aqueux (décoction) de la feuille, in vitro, a stimulé la croissance et la prolifération des fibroblastes et des kératinocytes et une augmentation des protéines du complexe d’adhésion et de fibronectine. La feuille chauffée et appliqué sur la peau chez le rat n’a provoqué ni effet secondaire ni irritation pendant 14 jours. Chez le cobaye et le lapin, l’extrait de feuille montre une activité hémostatique par un mécanisme vasoconstricteur comparable à celui de l’adrénaline.
Des effets antimicrobien et antifongique :
Un extrait hydroalcoolique de feuille fraîche inhibe la croissance de Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Trichophyton rubrum et Candida albicans, alors que l’extrait hydroalcoolique préparé avec des feuilles sèches n'a montré aucune activité contre Staphylococcus aureus et Candida albicans.
Des effets anti-inflammatoire et analgésique :
Les extraits aqueux et méthanolique de feuille exercent un effet anti-inflammatoire dans des tests aigus de l’œdème à la carragénine ou des tests chroniques avec un pellet de coton induit expérimentalement chez le rat ; l’extrait éthanolique montre des propriétés analgésique et antispasmodique chez le même animal.
Des effets diurétique et hépatoprotecteur :
L’infusion de la plante augmente l’excrétion de l’eau et du sodium chez le rat, sans augmenter celle du potassium. Une activité hépatoprotectrice et antiradicalaire de l’extrait de feuille qui protège contre la nécrose des hépatocytes isolés de rats induite par l’hydropéroxyde de tert-butyle.
Il n’y a pas d’indications thérapeutiques officielles mais des usages traditionnels sont proposés (Longuefosse, 2010) sur l’acné, l’ulcère cutané, le furoncle et la brûlure : application locale de feuille fraîche chauffée ou d’un cataplasme des feuilles écrasées. Contre le rhume et l’état grippal, prendre pendant 5 jours une infusion de feuilles fraîches ou séchées.
La présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques potentiellement hépatotoxiques, en quantité plus importante dans la racine et la fleur, incite à une utilisation préférentielle des feuilles, où la teneur est négligeable.
Un tour du monde des plantes qui soignent, Afrique, Amériques, Chine, Outremer, Europe (2018) Fleurentin J. & Weniger B., Éditions Ouest France, 239 p.
Germosen-Robineau L. (ed) La Pharmacopée végétale caribéenne Tramil, 2e édition., 2007, Santo Domingo, Editora & Pap. Josué, 486 p.
www.ethnopharmacologia.org
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