Histoires de plantes

Curcuma, le safran des Indes

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Publié le 21/05/2021
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Curcuma longa

Curcuma longa
Crédit photo : J. Fleurentin

Le curcuma, Curcuma longa, de la famille des zingibéracées, est une plante herbacée originaire de l’Inde, appelée également safran des Indes.

Elle est vivace grâce à son rhizome souterrain d’où partent de longues feuilles allongées et une hampe florale en épi, formée de fleurs rose blanc. Le curcuma est cultivé dans toutes les zones tropicales et principalement en Asie, pour la récolte de son rhizome cylindrique de couleur jaune orangé.

C’est une épice quotidiennement consommée en Inde sous forme de curry dont elle est l’un des ingrédients principaux. 

Elle était déjà connue en médecines grecque et arabo-persane pour dessécher les ulcères, traiter la gale et aiguiser la vue. En médecine ayurvédique, c’est un remède contre les maladies de peau comme la gale et pour soulager les inflammations. En médecine chinoise, le curcuma favorise la circulation de l’énergie, le qi, élimine la stase sanguine et soulage la douleur.

La curcumine obtenue à partir du rhizome est un colorant alimentaire (E 100) et la poudre sert à teindre les robes des moines bouddhistes en jaune orange.

Effets anti-inflammatoires

Le rhizome renferme des polyphénols avec la curcumine comme composé principal et une huile essentielle riche en sesquiterpènes comme le zingibérène, le curcumol et la bêta-turmérone.

Le curcuma a montré des effets chez le rat sur des inflammations aiguës dans le test de l’œdème à la carragénine et sur des inflammations chroniques dans le test du pellet de coton. Lors de tests in vitro, la curcumine inhibe les réactions enzymatiques impliquées dans l’inflammation : la cyclo-oxygénase et la lipoxygénase. Des essais cliniques confirment les effets anti-inflammatoires vis-à-vis de l’arthrite rhumatoïde et des suites opératoires.

Il possède également des effets anti-ulcéreux mis en évidence dans trois modèles d’ulcères induits chez le rat. Des études cliniques montrent une action significative après administration de curcuma pendant 12 semaines. Ces résultats sont intéressants car non seulement le curcuma anti-inflammatoire n’est pas ulcérogène, mais en plus il traite les ulcères.

Dans le domaine hépatique et métabolique, le curcuma et la curcumine exercent des effets cholérétique et hépatoprotecteur chez la souris et sur hépatocytes isolés vis-à-vis d’une hépatite induite par le tétrachlorure de carbone, la galactosamine, le paracétamol, l’alcool ou les aflatoxines. De plus, il réduit le taux de cholestérol et de triglycérides induit par un régime hyperlipidémique.

Une publication montre l’intérêt de la pipérine présent dans le poivre (Piper nigrum) associé au curcuma pour augmenter la biodisponibilité de la curcumine.

De nombreux travaux précliniques in vivo et in vitro montrent l’effet de la curcumine dans toutes les étapes de la cancérisation : initiation, développement et métastase, mais il n’y a aucune preuve clinique. Par précaution, le curcuma ne sera pas pris pendant les cures de chimiothérapie car, selon les protocoles, il peut potentialiser ou réduire l’action des médicaments anticancéreux.

 

 

 

 

Du bon usage des plantes qui soignent (2018) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 380 p. Matthieu Huet et Jacques Fleurentin (2013) Curcuma, thé vert et chardon-marie : quelle stratégie adopter en prévention du cancer ou en complément des traitements, Ethnopharmacologia, 50, 9-18.  
www.ethnopharmacologia.org

Jacques Fleurentin
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Source : Le Quotidien du Pharmacien