L’Iboga (Tabernanthe iboga) est un petit arbre originaire des forêts tropicales de l’Afrique centrale et occidentale, bien présent au Gabon et cultivé en Côte d’Ivoire. Il possède des feuilles entières et opposées et des fleurs blanc jaunâtre disposées en corymbe qui donneront des baies allongées rouge orangé. Ses racines sont profondes et couvertes d’une écorce brunâtre.
L’écorce de racines est mâchée en Afrique pour ses vertus stimulantes à la fois physiques et mentales, notamment à l’occasion de longs trajets en pirogue, de marches en forêt ou lors de guerres tribales. Les sensations de fatigue, de faim et de soif sont atténuées et la mastication provoque une anesthésie de la langue. La décoction d’écorce de racine et de feuille est réputée aphrodisiaque. Au Congo, les tradipraticiens recommandent la racine dans les affections psychosomatiques, les conjonctivites et les infections urinaires.
Des doses plus fortes provoquent des hallucinations accompagnées de rêves éveillés, des visions très colorées, des sensations d’ivresse et d’euphorie. Mais à très forte dose, le remède devient toxique en induisant des vomissements, des convulsions et des paralysies pouvant conduire à la mort par arrêt respiratoire.
Rituels initiatiques.
Au Gabon, les ethnies Mitsogo et Apinzi pratiquent les rituels initiatiques Bwiti ; au cours de la cérémonie, la prise d’iboga provoque des visions colorées chez l’adolescent initié, le met en relation avec l’esprit des ancêtres et le purifie de ses blocages enfouis lui permettant de renaître en adulte. Les séances pratiquées par les chamanes servent au diagnostic et au traitement de maladies. Ces pratiques s’étendent également en Guinée équatoriale et au Cameroun.
La racine contient des alcaloïdes indoliques dont le principal est l’ibogaïne, au côté de la tabernanthine et de l’ibogamine. Les teneurs dans la feuille sont plus faibles.
Les effets pharmacologiques sont complexes : une action stimulante, cardiotonique et anxiolytique est observée à faible dose alors qu’elle est anxiogène et hallucinogène à plus forte dose. L’ibogaïne a une affinité pour les récepteurs opioïdes, sérotoninergiques et dopaminergiques.
Des expériences chez des rats dépendants à la cocaïne, à la morphine ou à l’alcool ont montré l’action de l’iboga contre la dépendance. Des observations cliniques menées dans les années quatre-vingt montrent des résultats intéressants mais associés à des effets secondaires. Des études observationnelles récentes montrent l’intérêt de l’ibogaïne dans le sevrage aux opiacés, supérieur à celui de la méthadone ou de la buprénorphine. Elle serait un antagoniste du récepteur NMDA (N-méthyl-D-aspartate) du neurotransmetteur du glutamate (stimulant du SNC) qui serait impliqué dans l’action contre l’addiction. Des études cliniques en double aveugle seraient souhaitables.
Plantes des dieux, des démons et des hommes (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 208 p.
www.ethnopharmacologia.org
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin