Le pyrèthre de Dalmatie appelé également chrysanthème insecticide (Chrysanthemum cinerariaefolium Vis., Astéracées) est une plante herbacée vivace originaire des Balkans et d'Iran, affectionnant les terrains secs, calcaires et bien ensoleillés. Ses feuilles sont duveteuses et bien découpées et ses fleurs disposées en capitules solitaires sont blanches ligulées à la périphérie et jaunes en tube au centre. Il est aujourd'hui cultivé sur les cinq continents.
Les effets insecticides du pyrèthre du Caucase sont connus depuis l'Antiquité dans toute l'Europe, mais il s'agissait d'une autre espèce (Chrysanthemum coccineum) appelée l'herbe aux puces. Une paysanne observe alors à Dubrovnik la présence de nombreuses mouches mortes au pied du pyrèthre de Dalmatie, découverte rapportée par Visiani en 1847 et qui détrôna celui du Caucase. C'est alors une grande aventure industrielle qui se développa. Il ne faut pas le confondre avec le pyrèthre d'Afrique (Anacyclus pyrethrum) qui n'a pas de propriété insecticide.
De puissants neurotoxiques
Les capitules floraux et les tiges feuillées, séchés au soleil, renferment des pyréthrines : les pyréthrines I, les cinérines I et II et les jasmolines I et II. Ils forment des lactones (pyréthrolones, cinérolones, jasmolones) qui sont fragiles et insolubles dans l’eau.
Les pyréthrines sont de puissants neurotoxiques contre les animaux à sang froid, insectes, vers, poissons et mollusques. Elles agissent par simple contact ou par ingestion et provoquent des agitations violentes frénétiques et la mort. Elles induisent une perturbation majeure de la conduction nerveuse favorisant la pénétration rapide des ions sodium dans les neurones.
Par contre, les pyréthrines ne sont toxiques ni pour l'homme ni pour les animaux à sang chaud, que ce soit par ingestion ou contact.
Du point de vue environnemental, la rémanence dans le sol est moins longue que celle d'autres insecticides.
Une formule associant le savon noir au pyrèthre de Dalmatie remporte de grands succès dès 1917
La mise au point d'une formule associant le savon noir au pyrèthre de Dalmatie remporta de grands succès dès 1917 pour lutter contre les atteintes de deux papillons ravageurs des vignes et ses caractéristiques étaient présentées dans le Codex de 1937 afin d'éviter les falsifications avec d'autres espèces de Chrysanthemum, Tanacetum ou Anthemis.
Les cultures se développèrent en Dalmatie et en France puis furent concurrencées par les cultures asiatiques et africaines.
À la fin des années trente, la découverte des pesticides organochlorés de synthèse comme le DDT, mis à mal la filière du pyrèthre mais l’apparition rapide de résistances, en plus d’être cancérogène, très peu biodégradable et rémanent dans l'environnement, incita l'industrie à développer des dérivés de pyréthrines et des pyréthrines de synthèse. Les pyréthrines naturelles, moins stables, se dégradent en quelques jours alors que les pyréthrines de synthèse, d'action plus longue s'accumulent pendant plusieurs semaines dans l'environnement.
Plantes des dieux, des démons et des hommes (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 208 p. Des plantes toxiques qui soignent (2011) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 192 p. www.ethnopharmacologia.org
Repères
Les pyréthrines sont d'excellents insecticides contre les insectes volants comme les moustiques, les guêpes, les frelons et les mites et aussi contre les insectes rampants comme les poux, les puces, les cafards et les punaises de lit. C'est un des principaux insecticides efficaces d'origine végétale ayant une innocuité vis-à-vis des mammifères et une faible rémanence dans l'environnement.
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