Après un baccalauréat latin-grec-philosophie, Alain Mérieux a effectué ses études de pharmacie à Lyon. « J’en avais besoin pour être dirigeant de laboratoire pharmaceutique et succéder à mon père, Charles Mérieux », raconte-t-il. Mais c’est l’univers de l’hôpital qui le fascine. « J’ai fait un internat en 1959 à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, au service des maladies infectieuses. J’ai passé une année très intense en terme de connaissances de la vie et de la souffrance. À l’époque, la poliomyélite sévissait et les enfants qui arrivaient à l’hôpital étaient sans espoir, se souvient Alain Mérieux. Nombre d’entre eux mourraient. Ces petits étaient excessivement attachants et cela m’a beaucoup marqué », confie-t-il. Cette expérience déterminera d’ailleurs pour une part non négligeable son engagement en faveur de la vaccination dans le monde.
Diplômé en 1960, Alain Mérieux interrompt son internat pour aller à l’armée. « J’ai fait deux ans de service militaire, en Algérie dans l’armée de l’air et en Corse dans une unité de parachutistes. Le brassage social était important et nous obligeait à écouter les autres, à accepter la différence et nous apprenait une certaine tolérance », estime-t-il. Les parachutistes lui ont aussi apporté des bases pour être un bon leader. « Quand on est officier, on saute le premier ! Dans la vie professionnelle aussi, lorsqu’on porte des galons, il est important de montrer l’exemple et de passer devant. »
Une passion pour les chiens et les arbres
De retour en France en 1963, Alain Mérieux refait une année d’internat. Il choisit de travailler sur la tuberculose qui, en 1963, était une maladie considérée comme éradiquée. « À l’époque, on fermait les hôpitaux spécialisés et les sanatoriums, se souvient-il. Et 50 ans après, l’une des premières pathologies mondiales est la tuberculose, qui est devenue multirésistante. Ce qui prouve que notre métier, la biologie, rend assez humble », commente-t-il. En parallèle de son internat, il devient directeur général de BD Mérieux, société de diagnostic in vitro qui emploie à l’époque 15 personnes. « C’était tout petit, se rappelle Alain Mérieux. On y produisait des réactifs de laboratoires. » BD Mérieux deviendra bioMérieux en 1974. La société emploie désormais plus de 9 500 personnes.
En 1965, Alain Mérieux devient directeur des laboratoires de Marcy-l’Etoile de l’Institut Mérieux, créé en 1897 par son grand père Marcel Mérieux, et dédiés aux vaccins humains et vétérinaires, puis devient président-directeur général en 1968, jusqu’en 1993. « Nous avons développé les laboratoires à l’échelle internationale, en particulier avec le vaccin anti-aphteux, détaille-t-il. Les souches asiatiques ou d’Amérique latine ne pouvaient pas être travaillées à Lyon pour des raisons évidentes de sécurité pour chaque cheptel. C’est la raison pour laquelle nous avons très vite développé une activité en Colombie, au Brésil, au Chili, en Argentine, puis en Iran. Plus tard, nous avons créé une usine au Botswana, puis à Bagdad. Nous avions de très bons rapports avec nos collègues irakiens et j’ai regretté que les Américains aient détruit cette usine qu’ils considéraient comme une arme biologique, lors de la guerre d’Irak… »
Pour Alain Mérieux, « l’industrie pharmaceutique a amené des choses fantastiques, mais a fait quelques erreurs, notamment de baisser la garde dans la lutte contre les maladies infectieuses ». Il estime que « c’est une industrie vitale, qui n’a pas fini de devoir s’adapter aux évolutions scientifiques et à celles des malades ». À 77 ans, il reste président de l’Institut Mérieux, des Fondations Mérieux et de la Fondation pour l’université de Lyon. Il se qualifie de « grand-père heureux » et aime cultiver ses passions : la décoration, les chiens et les arbres. « J’ai planté des milliers d’arbres dans de nombreux pays et j’ai un baobab superbe à Bamako ! », s’exclame-t-il.
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin