Antoine Bordas n’a jamais hésité à s’engager pleinement dans ses passions, à leur consacrer du temps et de l’énergie. À commencer par la première et la plus difficile de toutes : son métier. Ce fils de pharmacien passe son enfance dans l’officine paternelle de Saint-Jean-d’Angély. Très tôt, il est attiré par la carrière : « Quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais toujours pharmacien, explique-t-il. J’aimais ce mélange de contact humain, de commerce et de santé. »
Mais ses études secondaires sont laborieuses. La mort dans l’âme, il s’apprête à abandonner son rêve pour entrer dans les Eaux et Forêts et devenir bûcheron. Mais en terminale, à force de travail, l’horizon scolaire s’éclaircit et il obtient son bac avec mention. « J’ai alors passé un contrat avec mes parents, se souvient-il : je fais une année de pharmacie ; si je réussis, je continue, sinon ce sont les Eaux et Forêts. » Et il réussit ! Il fera ses 6 années en 6 ans, à la faculté de pharmacie de Poitiers.
Conduite accompagnée
Diplôme en poche le 3 juillet 1999, dès le lendemain il est en poste dans la pharmacie familiale : « C’était rassurant, indique-t-il. Cette « conduite accompagnée » de l’officine me convenait parfaitement, même si mes parents m’ont toujours laissé prendre la place que je souhaitais. » Il recrute ainsi deux amis de fac comme assistants. Et, au départ à la retraite de son père en 2013, ils reprennent ensemble l’officine qui devient « La Pharmacie des trois amis ».
Un goût pour la convivialité qu’il développe aussi avec ses clients : « Beaucoup m’ont connu petit, m’appellent Antoine, me tutoient, explique-t-il. Cela ne me pose aucun problème. Et le fait que je parle le patois est un élément important dans notre région semi-rurale. »
Au cœur de Saint-Jean-d’Angély (7 000 habitants), l’officine* délivre principalement des ordonnances et entame un début de spécialisation. « Je viens de valider une formation de naturopathe, indique Antoine Bordas. Comme les entretiens et la vaccination, c’est une nouvelle façon d’aller vers une prise en charge globale du patient, en réseau avec d’autres professionnels de santé. Les rendez-vous que je propose, me permettent de m’évader du quotidien, d’engager un autre rapport avec le patient et obtenir sa fidélisation. »
Les évolutions de l’officine, Antoine Bordas les accompagne aussi, depuis 2004, par son activité syndicale. Coprésident départemental de la FSPF, il constate : « Le syndicat permet de s’ouvrir aux confrères, de connaître leurs problèmes, leurs spécificités, de regarder au-delà de son officine, d'avoir une vision nationale, de découvrir les réalités du fonctionnement de l’état, d'être proactif face aux réformes… J’adore ça ! »
Les trois crânes de Saint Jean-Baptiste
En 2009, il entre au conseil municipal de St-Jean-d’Angély : « C’est une activité chronophage, d’autant que certains concitoyens venaient parfois à l’officine pour parler de leurs problèmes. » Aujourd’hui conseiller d’opposition, il sera candidat en 2020, mais dans une position qui devrait lui « éviter d’être élu… »
Autre engagement communal, notre pharmacien de 44 ans est vice-président de la société archéologique de Saint-Jean-d’Angély. Féru d’histoire, il met au jour les restes d’un château médiéval, organise des fouilles avec d’autres amateurs éclairés, donne des conférences sur les grands mythes de l’histoire locale. Il rétablit quelques vérités sur les souterrains angériens plus fantasmés que réels ; tout comme la relique du crâne de Saint-Jean Baptiste (on en recense trois dans le monde)… Des petites histoires passionnantes qui éclairent le riche passé de la ville, longtemps disputée entre Anglais et Français…
Faut-il voir là l’origine de sa passion (iconoclaste en plein terroir de Cognac) pour le whisky ? Il avoue avoir beaucoup voyagé à la découverte des whiskies du monde, tourbés de préférence. Le temps de se faire un palais d’expert et une collection de 200 bouteilles du monde entier.
Faire évoluer l’image du pharmacien
Dernier coup de cœur, Antoine Bordas s’est investi dans l’apprentissage de la mécanique pour entretenir ses deux superbes Ford Mustang de 1965 et 2010, bien connues dans la cité : « Des gens entrent dans la pharmacie pour demander l’autorisation de faire une photo ou pour discuter de voitures anciennes. »
Toutes ses passions lui permettent de s’enrichir de nouvelles rencontres et échanges : « Cela fait aussi évoluer l’image du pharmacien, indique-t-il. Fini le notable en blouse blanche, séparé du patient par le comptoir ! » Place au professionnel de santé, ancré dans sa ville, humain, accessible et à l’écoute.
* 3 titulaires, 1 assistant, 1 chargée d’achat, 4 préparateurs.
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