À 62 ans, Bernard Yrondi vient de céder son officine de Bizanos, en banlieue résidentielle de Pau (Pyrénées-Atlantiques). Mais il n’en a pas encore fini avec le métier : « Je vais faire des remplacements chez des confrères amis » précise-t-il. L’amitié et la famille, voilà les deux boussoles de sa vie et de ses passions.
Né au cœur du Béarn, Bernard Yrondi est le fils unique d’un couple de passionné de ski. Ses parents ont fait ensemble, en 1952, la première course de ski alpinisme (ascension peau de phoque et descente ski libre) du pic d’Anie.
Digne héritier, Bernard Yrondi fait de la compétition de ski mais, à 14 ans, un accident le contraint d’abandonner toute idée de podium olympique. Il s’adonne alors au tennis où il sera classé, trouve un job de moniteur de ski dans l’école de ski d’Annie Famose* à Avoriaz. Une femme qui impressionne le jeune homme : « Championne, golfeuse d’exception et formidable femme d’affaires, c’est un honneur de l’avoir côtoyée. »
Tu seras pharmacien, mon fils !
Pour son avenir, le jeune Bernard Yrondi hésite : « J’aurais aimé être ingénieur des eaux et forêts, avoue-t-il, mais ma mère a souhaité que je m’inscrive en pharmacie. Je pense que c’est à cause d’un pharmacien qui pratiquait le ski avec mes parents. C’était un homme sympathique, cultivé, avec de bons revenus et pas mal de temps libre, ma mère était persuadé que cela me conviendrait. »
Obéissant, il s’inscrit fac de pharmacie à Toulouse plutôt que celle de Bordeaux, jugée « trop snob ». Il apprécie vite la dimension commerciale et humaine du métier. En 1982, il décroche son diplôme et entame une carrière d’assistant à Graulhet (Tarn). Il rencontre sa femme, cardiologue, fille d’un cardiologue passionné de… ski. Elle s’installe à Pau. Attiré par l’exercice en milieu rural, Bernard Yrondi rachète, en 1989, la moitié d’une petite pharmacie de Nay, à 20 km de Pau ; l’officine aurait appartenu au grand-père d’Alain Juppé… Associé d’une pharmacienne de 74 ans dont il reprend les parts en trois ans, une nouvelle passion vient frapper à sa porte.
La pelota et les amis
Des amis de jeunesse lui proposent une partie de pelote basque. Il accroche immédiatement : « En trinquet**, c’est un sport très ludique, il y a plein de possibilités de marquer des points. » Bernard Yrondi s’entraîne alors 2 à 3 fois par semaine, participe à des championnats (Béarn, France) de paleta balle espagnole***. Une passion conviviale : « Depuis trente ans, tous les vendredis soir, avec les mêmes amis, nous jouons le repas. Après une semaine de travail et de soucis, cela remet tout à plat. »
Le ski demeure néanmoins la passion pour laquelle il sacrifie l’essentiel de ses vacances, et parfois de ses économies. Cette passion réunit toute la famille, son épouse, son fils psychiatre et sa fille dentiste. Ensemble, ils ont dévalé les pentes des plus beaux domaines skiables d’Europe et du monde (Suisse, Autriche, Italie, Canada…) le plus souvent en hors-piste ou randonnée.
Dans son planning, il a toujours privilégié les vacances d’hiver. Sans compter les week-ends dans les Pyrénées (à 30 minutes) et quelques coups de tête : « Allant vers mon officine et regardant les Pyrénées, il m’est arrivé d’appeler ma remplaçante et de filer directement vers les pistes. Je reconnais que c’est un luxe incroyable. »
Inquiétudes sur l’avenir de l’officine
En 2008, Bernard Yrondi cède son officine de Nay pour reprendre la pharmacie Saint-Benoît à Bizanos (10 salariés). Peu à peu, il voit évoluer le métier : « À partir de 2005, j’ai constaté une baisse des revenus considérable. J’ai acheté l’officine de Bizanos 110 % du CA et je l’ai vendu 70 %. Le médicament a longtemps été la variable d’ajustement de notre système de santé. Avec la baisse des marges, ce ne sont pas les nouvelles missions qui vont compenser. Pour la vaccination, nous avons gagné 500 € ! »
En juin, il a cédé son officine pour prendre une retraite faite de ski, pelote et remplacements… « Ce départ est un soulagement. Je suis très inquiet pour l’avenir des officines, car les règles du jeu ne sont pas clairement définies. » Heureusement, il garde foi en la nouvelle génération : « Les deux jeunes pharmaciennes qui ont repris mon officine ont plein d’idées, elles sont soutenues par un nouveau groupement très bien structuré… Et l’une d’elles joue à la pelote ! »
* Membre de la grande équipe de France de ski des années 1960.
** Bâtiment fermé et couvert renfermant la zone de jeu de pelote basque (28,5 m sur 9,3 m). Il se compose d’un mur de face sur lequel est frappée la pelote, un mur à droite, à gauche et au fond, un pan coupé, un xilo (« trou » en basque) aux angles biseautés et un muret surmonté d'un toit en bois. Ces particularités entraînent des rebonds parfois imprévisibles qui font le succès du jeu en trinquet.
*** La paleta gomme espagnole se joue avec une paleta (raquette de bois) et une balle en caoutchouc dur dont les capacités rebondissantes augmentent avec sa température née des frottements contre les paleta.
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