À 58 ans, Christian Le Normand a déjà 44 ans de course à pied derrière lui, et se sent prêt à continuer 20 ou 30 ans ! Mais plus sur route. Il aspire aux grands espaces.
Pharmacien à Ploumilliau (Côtes-d’Armor), il court avec les Korrigans Kikour. Dans la petite ville de Trédez-Locquémeau, dont il est élu municipal, les associations sont d'abord des Korrigans, « pour ne pas se prendre au sérieux ». Les korrigans sont des petits lutins qui peuplent le songe des forêts bretonnes.
Christian Le Normand a donc commencé à courir au collège, puis a couru des cross-countries et des courses de plus en plus longues. Il en est venu au semi-marathon (environ 21 km), puis au marathon sur route (42 km). « Dans les années 2000, j'ai commencé les trails, des courses sur chemin, plus agréables parce que sur route on se blesse le squelette, le bitume est très dur, alors que le chemin absorbe l'effort et le choc. Dans la nature, on retrouve son corps. L'homme peut marcher longtemps, et dans une course de plus de 50 km, il retrouve sa nature primitive. L'organisme secrète une hormone qui endort la douleur, qui permet de résister. On peut grimacer à 5 km de l'arrivée, et sourire ensuite ! »
Le pharmacien breton prépare, pour ses 60 ans, la fameuse Diagonale des fous, la traversée de l'île de la Réunion, une course qu'il a déjà parcourue en 2016. Cette année-là il a mis 60 heures pour parcourir les 162 km et 9 643 mètres de dénivelé positif (le cumul des montées). Le meilleur coureur a mis moins de 24 heures, 65 heures étant un temps éliminatoire.
« C'est une course par élimination, tous les 15 km, avec des grands moments de détresse et de faiblesse. Au kilomètre 90, j'ai craqué, j'ai voulu abandonner, mais on a des ressources insoupçonnées. J'ai allumé mon téléphone et mon amie m'a encouragé à faire encore 15 km et de décider après, et j'ai lu tous les messages de soutien qui me venaient de Bretagne. » Et il a fini la Diagonale, main dans la main avec son copain qui avait su l'attendre.
Christian Le Normand court tous les jours de la semaine, quel que soit le temps (« à la Réunion, on court de + 30 °C à 0 °C). » Il court seul en semaine, « pour être à mon rythme », et le dimanche avec les Korrigans. « Courir pour courir pourrait suffire, dit-il avec son faux air de Nicolas Hulot, mais avec des amis, c'est plus festif. C'est la performance d'abord, mais aussi la fête ! »
« Un coureur connaît bien son corps, il est très à l'écoute, et être pharmacien aide. On se rend compte qu'on a beaucoup de chance de courir, qu'on est en bonne santé, mais ce n'est pas le seul objectif. Il n'y a pas d'âge pour courir, c'est encore possible après 80 ans, parce que tout est dans le mental. On peut être plus épuisé après 5 km, qu'après 50 km. Les clients de la pharmacie me demandent conseil pour une blessure, pour du matériel, pour de la récupération. Ils m'apportent aussi des articles qu'ils ont lus et qui parlent de moi. Il y a vraiment un engouement pour la course à pied, mais elle peut aussi devenir une drogue. »
Il assure qu'il retournera à la Réunion parce qu’« après une première épreuve, tout est nouveau. On a besoin d'y retourner ». Pour les Réunionnais, la Diagonale, « c'est le Tour de France », et là-bas les Bretons forment la première communauté.
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