Portrait

Dominique Hamon, une femme chez les pompiers

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Publié le 02/08/2018
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Après vingt ans d’exercice en officine, Dominique a radicalement changé de voie pour devenir pharmacien au sein des sapeurs-pompiers (SP). Un virage à 180 degrés…
Dominique Hamon

Dominique Hamon

« J’ai travaillé de nombreuses années en officine, notamment dans une pharmacie de centre commercial. Mais, à 45 ans, ma situation personnelle a changé, et j’en ai profité pour faire un bilan de ma vie professionnelle. J’avais envie de changement. » En 2012, Dominique prend alors un engagement de six mois comme pharmacien de SP volontaire. L’expérience est concluante puisqu’elle passe le concours pour avoir le statut de professionnel la même année. Après une formation initiale à Aix-en-Provence, elle déménage à Évreux avec ses deux enfants pour créer et prendre la gérance de la pharmacie à usage intérieur du SDIS 27 (Service départemental d’incendie et de secours) qui approvisionne les 59 CIS (Centres d’incendie et de secours) du département.

Assistée au quotidien par un logisticien et ponctuellement par deux pharmaciens de SP volontaires, elle est chargée de superviser l’ensemble du circuit pharmaceutique, notamment en assurant un contrôle des dotations dans les CIS, y compris au sein des 55 VSAV (véhicules de secours et d’assistance aux victimes).

Pour cela, ses missions sont nombreuses. Elle gère tout d’abord l’approvisionnement (via des marchés publics et non des grossistes), le contrôle et la délivrance des matériels médico-secouristes (insufflateurs à usage unique…), médicaments et dispositifs médicaux stériles (compresses…). Elle s’occupe également des matériels et produits nécessaires à la médecine professionnelle et d’aptitude des SP comme les vaccins.

L'esprit pompier

Puis elle prépare et assure le suivi des sacs avec le matériel de base pour chaque médecin et infirmier de SP et de différents kits (nouveau-né, section de membre, risque terroriste ou encore accident exposant au sang).

Dominique accorde également une grande partie de son temps à la gestion de l’oxygène : commandes, réception, stockage dans des locaux adaptés, gestion des réserves. Le respect des bonnes pratiques est primordial à ce sujet : le matricule de chaque bouteille est noté au moment de la livraison par le fournisseur, puis de l’envoi dans les différents CIS. Ainsi, Dominique est capable de localiser à chaque instant chacune des 560 bouteilles du parc et de les rappeler en cas de problème de matériovigilance.

Enfin sa formation en toxicologie lui permet d’être appelée en cas de risque chimique ou d’intoxication au monoxyde de carbone. Une diversité de responsabilités qui lui plaît beaucoup. Et même si le fait d’être une femme au sein des pompiers n’est pas toujours évident, son caractère lui permet de faire face. « C’est un milieu parfois sexiste, il faut savoir se faire respecter. Mais le plus important est d’avoir l’esprit pompier, c’est une fierté de porter la tenue ! » D’ailleurs lorsqu’on lui demande son meilleur souvenir professionnel, elle répond sans hésiter « le défilé du 14 juillet avec les pompiers, c’était un véritable honneur ! ».

Vocations

Et elle conclut : « Je suis aujourd’hui ravie de mes choix professionnels et n’ai aucun regret ! Si mon parcours peut donner des vocations, ce sera une satisfaction de plus ! ».

À noter que depuis 2017, l’exercice au sein d’une PUI impose l’obtention d’un DES de pharmacie hospitalière et des collectivités ou de pharmacie industrielle et biomédicale. Mais ces dispositions ne s’appliquent pas aux pharmaciens SP exerçant au sein des SDIS avec le statut de volontaire.

Anne-Sophie Leroy

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3431