Jean-Jacques Cambrelin est titulaire à Bohain-en-Vermandois (Aisne) depuis trente-trois ans, mais il voulait s'assurer « qu'il y a une vie après la pharmacie ». Alors, en 2003, il s'associe avec une jeune pharmacienne, et reprend un cursus universitaire : en l'occurrence un doctorat de philosophie, préparé en partie par correspondance. Thèse en poche, en 2011, il s'est lancé dans l'écriture.
Grand lecteur depuis toujours, curieux de tout, il aime « l'anormal et l'humoristique ». Il écrit une grosse « déconnade » : le voyage initiatique de deux jeunes hommes. La « Folle journée de Charles-Antoine Gonzague Folenfant », un roman philosophico-surréaliste, paraît aux Éditions de l'Onde en 2015. Suivront « Pièges » (Gunten) en 2016, « L'Escale » (Gunten) en 2017, et les « Truculentes et merveilleuses aventures de notre papy » (l'Harmattan) en 2017.
« Ma passion, ce sont les mots, la phrase bien tournée, énonce-t-il. C'est ce qu'on recherche dans l'écriture, être confronté à la difficulté de la pensée. La page blanche est un moment passionnant dont on cherche à extraire le diamant. »
Déliquescence
Son premier livre « d'hurluberlu », il le juge trop littéraire, d'une écriture trop compliquée. Il cherche ensuite à simplifier. La vie, la ville et le monde vont l'inspirer. Sa ville de Bohain, d'où vient une partie de sa famille, compte aujourd'hui 6 000 habitants, contre 7 500 il y a quarante ans. Son industrie du textile est sinistrée, les fenêtres des anciennes fabriques bâillent sans vantaux, en plein centre-ville. « Il n'y a plus ici que des personnes assistées et des chômeurs, observe le pharmacien. C'est une situation très inspirante, les gens ne s'accrochent plus, n'essaient plus d'évoluer. La déliquescence de la ville aboutit à la déliquescence humaine. »
« Pièges » est l'histoire d'une mère et de sa fille, et d'un infanticide. Des personnages à qui il accorde « plein de circonstances atténuantes ». « L'Escale » montre une famille en détresse et une affaire policière. Dans les aventures du « Papy », un grand-père atteint d'une tumeur emmène ses petits enfants en voyage initiatique. Le pharmacien écrivain prépare aussi un livre sur l'autisme après avoir accompagné une sortie scolaire avec son petit-fils de 8 ans, dont une camarade de classe était atteinte de cette affection. « Pour les enfants, un autiste n'est pas un être "anormal", c'est un copain de classe, ou une copine. Je veux écrire quelque chose de très simple, pour que les lecteurs s'interrogent. Faire passer par l'écriture le regard d'un enfant sur un autre enfant. »
Un autre projet de roman décrit une immigrée qui arrive en France après avoir traversé la Méditerranée. Elle est accueillie dans un lieu de vie… à côté d'une décharge. Elle en conçoit haine, et bientôt désir de vengeance.
Mémoire
Jean-Jacques Cambrelin décrit le monde, les humains, leurs problèmes, leurs maladies, sa ville. « Les gens, mes clients, se reconnaissent, et je me contrains à ne pas être méchant, convient-il. Peut-être mes clients pensent-ils que je décris leur voisin, mais ils reconnaissent leur ville, leur vie. C'est la France ouvrière, ils ont travaillé, et n'ont rien gagné. L'écrivain peut contribuer au maintien de la mémoire. L'écriture relie le présent à un passé, qui peut être nostalgique. »
Ses clients lui demandent souvent de dédicacer un de ses livres. « Leur culture, celle des gens d'aujourd'hui, n'est plus la même, poursuit le confrère. Ils savent plein de choses, sur le jardinage par exemple, mais nous ne vivons plus l'humanisme du XVIIIe siècle. Les lecteurs font des comparaisons, ils parlent à un romancier en le comparant à d'autres écrivains qu'ils ont lus. »
Ce pharmacien, presque insomniaque, écrit « dans le calme de la nuit ». Une heure chaque nuit. Avec l'aide de la musique, de chansons, de leurs paroles « inspirantes ». Il lit toujours beaucoup. Il pratique aussi l'aviron, le deux sans barreur. Jean-Jacques Cambrelin cherche à écrire pour être lu, mais n'aime pas trop les salons, les signatures. « On veut tous pourtant écrire le grand livre, admet-il : l'écriture est une recherche de reconnaissance. »
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