« Mon plaisir est de tirer la bourre avec des amis, je recherche la vitesse maximum. » Son GPS sur le bras lui a affiché une vitesse atteinte de plus de 30 nœuds (plus de 55 km/h), vitesse énorme sur l’eau, encore plus sur une toute petite planche à voile, même si le record, détenu par un Français, dépasse 59 nœuds.
Petit fils de marin militaire, fils de pêcheur plaisancier féru et mordu, Jérôme Lemonnier est natif de Louviers (Eure), et a commencé la voile sur l’étang de Lery-Poses, un assemblement d’anciennes carrières de sable le long de la Seine, proche de Louviers et de Pont de l’Arche, où il est pharmacien. Aujourd’hui, il traîne ses planches sur les spots normands, de Dieppe à Courseulles-sur-mer.
Une fois l’an, il participe au Défi Wind, à Gruissan (Aude), une course open, pour professionnels et amateurs, qui, l’an dernier, a inscrit 1 300 planchistes sur la ligne de départ pour une course de 10 km de longueur aller, autant retour, le long du lido de sable. Mais avec un vent violent qui porte au large quand la tramontane souffle (en venant de la montagne, vers la mer). Le vent n’a jamais soufflé à moins de 100 km/h, l’an passé.
En Normandie, Jérôme Lemonnier prépare ses sessions selon son agenda professionnel et la météo, et il choisit son spot en fonction. Il embarque trois ou quatre planches à voile, six ou sept voiles de surfaces différentes, et, depuis quatre à cinq ans, un kite surf, une petite planche tractée par une aile, comme un cerf-volant (kite, en anglais). « Le kite est plutôt une alternative, pour des vents de moins de 15 nœuds. »
Les spots préférés
« Je choisis sur place le matériel, en fonction du relevé des vents, et je me renseigne aussi auprès des autres déjà sur place. Il y a trois catégories en planche à voile : les vagues, qu’on utilise comme rampes de saut, le free style, on exécute des figures sur une surface plate, et le slalom, également sur surface plate, pour la recherche de la vitesse maximale. C’est ce que je pratique. »
Un de ses spots préférés est le port d’Antifer, au nord du Havre. Ce port pétrolier, construit dans les années 1960 pour ne presque jamais servir, présente une longue jetée de plus de 3 km vers le large, cassant la mer, profitant des vents renvoyés par la falaise cauchoise. « Le plan d’eau est très plat, et souvent venté. L’effort porte plus sur les jambes puisqu’un harnais nous relie à la voile, mais les genoux et les quadriceps sont très secoués. On navigue surtout avec des vents de travers, moins bien qu’un voilier, mais ce qu’on gagnerait en remontant vers le vent, on le perd en vitesse. »
« Le danger c’est de se mettre à l’eau sans connaître le site, les vents et la météo. Il faut toujours chercher les bons vents. » Jérôme Lemonnier a même cru une fois ne pas revoir sa femme, alors enceinte, il y a cinq ans. Il naviguait la veille des débuts du Défi Wind, par ciel nuageux, 20 nœuds de vent. « En 10 minutes, le ciel s’est éclairci, et la tramontane est montée à 50 nœuds, direct vers le large. J’en ai même oublié les consignes de sécurité, j’ai perdu ma voile, j’ai laissé partir ma planche. Il m’a fallu deux heures pour nager plus de 300 mètres. »
Grisé de vitesse
Le kite a longtemps été dangereux. « Les premiers matériels n’étaient pas très sûrs. Le surfeur est tenu à sa planche par des straps (des arceaux), et à sa voile par un crochet ventral. Il manœuvre l’aile (de 8 à 14 m2, à 15 ou 25 m d’altitude) avec quatre câbles, deux reliés à une barre pour orienter l’aile, et deux au crochet, pour la traction. Mais le largueur du crochet n’était pas fiable, on n’arrivait pas à la décrocher. Les apprentis commencent sur le sable, mais quand ils sont soulevés de quelques mètres, la chute est dure. » Il arrive encore que des kites surfeurs se retrouvent aussi sur les toits de voiture, un peu loin de la mer.
Jérôme Lemonnier fait également de la course à pied et du VTT pour rester en forme. Il a navigué à Poses, le 5 janvier dernier, « mais il faisait un peu frais ». En plus de Gruissan, où il se retrouvera « avec une bande d’amis » pour la dixième année, il sort une vingtaine de sessions par an.
« Je suis grisé de vitesse, confie-t-il, c’est l’âme de tout ça. Il n’y a que le vent, pas de pollution : c’est une sensation énorme de ne sentir que le vent et l’eau. »
Depuis peu, a été créé à Gruissan un Défi Kite. « Un kite file à 11 ou 12 nœuds en planning, et quand on est déjà trois ou quatre sur un spot, je ne sais même pas comment on parvient à ne pas croiser les câbles ! Ça arrive ! Le kite reste encore dangereux, même s’il y a plus d’accidents sur le sable que sur l’eau. »
Légende photos (JG) Jérôme Lemonnier, devant sa pharmacie de Pont de l’Arche, tout près de son étang d’entraînement de Poses, à proximité des côtes normandes
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