Née en 1988 à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine), petite ville à 20 minutes de Rennes, Manon Auffret découvre la pharmacie lors de son stage de troisième. Une expérience dont la diversité des activités et la proximité inhérente au métier, l’impressionnent : « C'est un métier de soin où l'on est proche des patients et de leur famille, qu'on accompagne et conseille au quotidien », explique-t-elle.
La grande variété des matières étudiées pendant les études est ce qui la décidera à emprunter la voie officinale, et non l'archéologie, autre amour de jeunesse qui lui tient encore à cœur. Arrivée à l'Université de Rennes en 2006, elle en ressort en 2012, gardant un excellent souvenir de ses années d'études.
L’officine sous toutes ses facettes
En cinquième année, elle fait un stage volontaire d'un mois au sein d'une équipe de recherche en odontologie/infectiologie. L'année suivante, avec d'autres camarades, elle traverse l'Atlantique pour le Montana dans le cadre d'un échange de 4 mois. « J'ai eu la chance d'être intégrée dans de nombreuses équipes : pharmacie hospitalière, urgences, psychiatrie, pharmacie du campus, opérations chirurgicales… », décrit-elle, évoquant aussi le « choc des cultures » entre les deux pays : « L'absence de sécurité sociale et les différences de réglementations nous ont étonnés. De leur côté, les étudiants américains étaient surpris d’apprendre que des sirops à base de codéine peuvent être dispensés librement en France (à l’époque, N.D.L.R.), et de l’inexistence du concept de pharmacie clinique dans l’Hexagone ! », se rappelle-t-elle. Mais elle est surtout impressionnée par la qualité de l'enseignement américain et le niveau d’exigence extrêmement élevé.
De retour en France, alors qu’elle effectue sa thèse d’exercice dans le domaine de l’infectiologie, Manon Auffret décide de s’orienter vers les neurosciences. Elle se lance dans un Master 2 en 2013, puis dans une thèse, tout en retournant à l'officine, où elle exercera pendant 8 ans, parallèlement à ses études « J’ai exercé au sein de nombreuses pharmacies, rurales comme urbaines, en Normandie, en Bretagne, et même pour un groupement hospitalier. J'ai eu la chance de pouvoir profiter d’une expérience dans plusieurs types d'officines et d'accomplir des tâches très différentes », témoigne Manon Auffret. Un quotidien chargé, qui l’astreint à jongler sans cesse entre ses responsabilités, tout en gardant un peu de temps pour ses loisirs, principalement la lecture et la randonnée.
Parkinson, un mystère familier
Lors de ce master 2, Manon Auffret décide de se consacrer à la recherche sur la maladie de Parkinson. Pourquoi ? « C'est une pathologie complexe, qui fait peur, mais avec beaucoup de logique dans la prise en charge et les traitements. On touche autant à la motricité des patients qu’à des aspects cognitifs, cardiovasculaires, digestifs ou buccaux… C’est un domaine dans lequel l'expertise pharmaceutique peut s'exprimer pleinement. » Certes, les traitements n'ont pas réellement évolué depuis 20 ans, mais, souligne-t-elle « des essais cliniques ont lieu en ce moment sur de nouveaux traitements prometteurs ». « Les pistes se sont multipliées et il y a beaucoup d'approches possibles. »
Chercheuse au sein de la société France Développement Électronique et de l'Institut des Neurosciences cliniques de Rennes, Manon Auffret enseigne également ponctuellement à l’université de Rennes. Lauréate du Prix de l’Ordre 2023 pour ses nombreux travaux sur la prise en charge pluridisciplinaire des patients atteints de la maladie de Parkinson et des potentialités thérapeutiques de l’apomorphine, elle mène aussi plusieurs projets avec l’association France Parkinson, dont un sur la santé buccodentaire.
« Nous avons un microbiote buccal qui peut être soit protecteur, soit favoriser une inflammation et donc les processus neurodégénératifs. En outre, la maladie parodontale (une infection bactérienne des gencives) est liée au diabète, à Alzheimer et même aux troubles de l'érection. Parkinson rend les soins dentaires difficiles, à cause des problèmes de motricité et des effets des médicaments sur la sphère buccale. Les deux se favorisent l'un l'autre », explique la jeune pharmacienne.
Pour Manon Auffret, qui a pu conjuguer ses expériences de pharmacienne d'officine, de chercheuse et d'enseignante, « le pharmacien a un rôle essentiel pour guider et orienter les patients, du diagnostic jusqu’à la fin de vie ». Souhaitant apporter sa pierre à l’édifice, elle organisera l’été prochain une journée autour de la maladie de Parkinson, rassemblant médecins généralistes et pharmaciens, afin d'impliquer la profession dans le sujet. Si elle n'exclut pas un retour à l'officine dans le futur, Manon Auffret est pour l’heure très épanouie dans son métier de chercheuse. En plus de la maladie de Parkinson, ses recherches, plus personnelles, l'amène aussi sur le terrain de l'histoire des neurosciences* et de la pharmacie. « C'est mon côté archéologue qui revient ! », plaisante-t-elle.
* Elle a été élue présidente de l’International Society for the History of the Neurosciences (ISHN) pour 2022-2023, dont elle a organisé le congrès international à Rennes en juillet 2023
Très épanouie dans son métier de chercheuse, Manon Auffret n'exclut pas un retour à l'officine dans le futur
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin