« La plante peut soigner tous les maux sans gravité du quotidien. Elle agit moins vite et moins fort qu'un médicament d'allopathie, mais emprunte plein de petits chemins pour parvenir à la source du mal ; elle y parvient avec un effet identique, et sans effet secondaire si elle est bien utilisée », assure Sophie Quoniam.
Cette titulaire a repris, en 2014, la pharmacie-herboristerie de la Marine, créée en 1815, à Cherbourg (Manche). Elle poursuit depuis la vocation bicentenaire de l'officine, et la développe. Notamment par des ateliers qui permettent au public intéressé - clients ou non - de mieux connaître les plantes et de confectionner eux-mêmes leurs tisanes.
Pour Sophie Quoniam, se soigner par les plantes correspond à un savoir ancestral, qui remonte à l'époque des chasseurs-cueilleurs. L'homme se nourrissait du produit de sa chasse et de sa cueillette, jusqu'à l'âge du bronze, avant de parquer les animaux et de devenir éleveur. L'homme aurait donc beaucoup oublié ce savoir, très empirique, qui n'a pas fait l'objet de nombreuses études, et qui « n'a pas intéressé les lobbies ».
Aviser le médecin traitant
« Les patients viennent au comptoir avec leur mal, et on leur propose d'abord un traitement naturel, une tisane, poursuit Sophie Quoniam. La nature ne suffit pas toujours, mais nous connaissons les plantes, et notre conseil leur importe. On explique, par exemple, que beaucoup de principes actifs de l'allopathie viennent d'une plante, ou de sa synthèse, mais que leur prise peut être accompagnée d'effets secondaires, ce qui est moins le cas de la plante. »
« Les patients ont envie de nous faire confiance, constate-t-elle. Et ils reviennent la plupart du temps. Il existe entre mille et trois mille plantes, nous en avons en permanence deux cents, séchées et contrôlées. Si une plante a traversé tous ces âges avec une égale efficacité, le cas du plus grand nombre, c'est que cette efficacité est bonne. Sinon, elle est délaissée par la pratique. »
Sophie Quoniam convient qu'on ne sait pas tout, et qu'on a beaucoup oublié de l'action de bien des plantes. Elle avertit des contre-indications connues, ces diurétiques qui fatiguent les reins, ou ces plantes bonnes pour le cœur, mais moins pour le rein ou la tension.
L'équipe de la pharmacie de la Marine recommande toujours aux patients d'aviser leur médecin du traitement par les plantes qu'ils prennent : « Une plante a toujours un principe actif, il faut le connaître. »
Des ateliers publics
La pharmacienne de Cherbourg anime trois ateliers par mois pour une dizaine de personnes. Elle y parle des plantes et des huiles essentielles, « pour que les patients arrêtent de faire n'importe quoi. Se soigner de façon naturelle ne va pas sans exigence ». Une heure est consacrée à regarder des photos et à échanger. Les participants apprennent ensuite à faire des mélanges et des huiles, qu'ils emporteront.
La consœur reçoit un public disparate, plutôt jeune, venu de partout et de tous les milieux. Elle aimerait aussi animer des ateliers pour des pharmaciens. Elle milite en ce sens au sein de son groupement, et reçoit d'ailleurs des appels de toute la France, et même parfois du Maroc.
« Les relations avec les pharmaciens sont bonnes, certains m'envoient du monde, remarque-t-elle. Avec les médecins, il faut le temps, mais ça avance ! Le pharmacien a une expertise, il doit rester garant du bon usage. Mais les pharmacies sont des petites structures, prises dans un système. Toutes peuvent proposer des médicaments à base de produits naturels, mais trop de pharmaciens n'ont pas confiance en eux-mêmes, ils ont l'impression de ne pas savoir, et ils n'écoutent que les labos ! »
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