Depuis le 2 mai dernier, les 523 habitants de la petite commune de Nouic (à 15 km de Bellac, au nord de la Haute-Vienne) ont un nouvel élu dans leur hôtel de ville, mais toujours le même pharmacien, ce dont ils ne se plaignent pas.
Entré au conseil municipal en 2008, ce diplômé de la faculté de Limoges est installé dans le bourg depuis 1997. Exploitant une officine de taille modeste – deux employés dont un à mi-temps et lui forment l'équipe – il répond à des pathologies multiples, au service d’une population rurale, majoritairement âgée. Refaite à neuf il y a dix ans, son officine, issue d’un transfert, est le fruit de deux maisons côte à côte, rachetées et transformées pour l’occasion. Orthopédie, aides médicales, parapharmacie en composent les rayons, pour une activité soutenue venue d’une patientèle résidant sur le bourg et les alentours. Le confrère le plus proche est à 6 km de là, et les jours d’ouverture vont du lundi matin au samedi soir.
« Nous avons donc de quoi nous occuper, reconnaît le titulaire âgé de 57 ans, et je dois me partager dorénavant entre mes deux responsabilités. Je gère donc mon temps, entre mes obligations professionnelles habituelles, et celles, nouvelles, qui me sont échues. Ainsi le midi, je suis au régime forcé, puisque je passe ma coupure de repas à la mairie. »
Car être maire, ne serait-ce que d’un petit village comme Nouic, n’est pas une sinécure : réunions, rendez-vous, déplacements, commissions, sont le lot quotidien d’un premier magistrat qui se doit d’être disponible en permanence. Avec l’aide d’une secrétaire de mairie très au courant des dossiers, et un conseil municipal de 15 personnes qui l’a porté à sa tête, Serge Nougier ne compte pas ses heures, tout en ayant à tenir sa pharmacie.
Des priorités et des projets
Pour se libérer au profit de son poste d’élu, le pharmacien limousin songe à recruter un remplaçant qui pourrait tenir sa place une journée par semaine. Il peut aussi faire appel à un confrère retraité, résidant à quelques maisons de là, qui vient à la demande prendre la relève en cas d’urgence, et sait pouvoir compter sur le dévouement de son employée. « Je lance un appel pour ce remplaçant, confirme-t-il, ce qui ne sera pas rentable pour moi, avec un salaire de maire de 700 €/mois à peu près, salaire qui sera vite absorbé par ce poste… Mais j’ai des idées pour ma commune, et je voudrais pouvoir m’y consacrer. »
En tête, la rénovation de la maison médicale locale qui pourrait servir d’atout pour recruter un médecin généraliste. Nouic en est démunie depuis 2001, et les deux praticiens les plus proches sont à 6 et 12 km de là, tous deux âgés (67 et 63 ans). Le maire souhaite donc trouver un généraliste décidé à s’implanter, lui garantissant des aides diverses, en logement, en moyens, face à une clientèle assurée et pérenne.
Autre projet, la relance de l’artisanat local, avec l’intégration d’un boulanger-pâtissier et d’un plombier, deux professions absentes de la commune. Comme pour le médecin, l’élu va engager des recherches pour en solliciter, via des annonces et des communications. « L’important est de faire revivre notre cité, résume le pharmacien. Nous ne sommes pas désertifiés, mais nous risquons de l’être si nous ne faisons rien. Il faut donc installer des professionnels certains d’avoir du travail, ce qui est le cas dans ces trois secteurs, leur donner un coup de pouce si besoin, leur dévoiler nos avantages et notre qualité de vie. »
Quant à ses motivations, Monsieur le maire les expose de façon lapidaire : « Ce n’est pas pour gagner de l’argent, ni pour la gloire, mais juste pour être au service des autres. Un pharmacien est toujours, à la campagne, un notable apprécié de la population, qui lui demande conseil, qui a confiance en lui et se repose sur son jugement. Être maire c’est pareil, avec les responsabilités en plus, et le temps nécessaire pour les assurer. Réunir ces deux professions, c’est un plus évident. »
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