Tourisme

Au cœur du Caucase. La Géorgie, une belle surprise

Publié le 09/05/2016
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Des montagnes à plus de 5 000 m, des vallées reculées, une gastronomie remarquable, la mer Noire, un riche patrimoine chrétien et le parfum cosmopolite de Tbilissi, font de la Géorgie un choix original et audacieux de vacances.
Le site troglodyte d’Ouplistsikhé

Le site troglodyte d’Ouplistsikhé
Crédit photo : Ph Bourget

Batoumi sur la mer Noire

Batoumi sur la mer Noire
Crédit photo : Ph Bourget

Svanétie

Svanétie
Crédit photo : Ph Bourget

Dans le grand Caucase

Dans le grand Caucase
Crédit photo : Ph Bourget

Le village de Mestia

Le village de Mestia
Crédit photo : Ph Bourget

Le musée Staline

Le musée Staline
Crédit photo : Ph Bourget

En arrivant de nuit à Tbilissi, roulant sur les quais de la Mtkvari, la première impression est bonne. La forteresse de Narikala, longue muraille médiévale dominant la cité ; une flopée d’églises à dômes, vigies chrétiennes sur la capitale ; la passerelle de la Paix, ultradesign, jetée sur le fleuve, jouxtée des tubulures modernes de l’inachevée salle de concert ; au-dessus, le bâtiment présidentiel et sa coupole de verre, aux allures de Reichstag berlinois. Ce décorum flatteur doit beaucoup à Mikheil Saakachvili, l’ancien président. Il ne trompe pas hélas sur l’état réel de la capitale, dont 1,5 million d’habitants se partagent un centre ancien à moitié délabré et des banlieues d’immeubles rescapées de l’ex-Union soviétique.

Tbilissi, perse, juive, turque, russe, azérie… Il faut se perdre dans les ruelles pentues de la vieille ville, qui connut jadis l’effervescence de la Route de la soie. Débusquer une église orthodoxe à la brique fatiguée ; longer les vieux bains, enveloppés d’odeur soufrée ; décrypter ces balcons en bois typiques de l’habitat géorgien ; deviner les sourates à travers les baies de la mosquée, fief des communautés turque et azérie ; s’inviter dans l’exposition d’une école juive, sans barrière ni contrôle d’accès. Au carrefour de l’Orient et de l’Occident, Tbilissi (ex-Tiflis) reste cosmopolite, malgré le départ de milliers de Juifs vers Israël dans les années 1990. Il règne dans cette ville, sévèrement intriquée, comme on l’aperçoit depuis le téléphérique de Narikala ou le balcon du palais de la reine Daredjane, une atmosphère chargée d’Histoire, mélange d’influences. Même l’avenue Roustavéli, les Champs-Élysées locaux, ne parvient pas à imiter nos artères « mondialisées ». Est-ce parce que la mode est encore vacillante et que le Géorgien est souvent habillé de noir ?

La gardienne de l’orthodoxie

Cette vieille civilisation, nous la rencontrons près de la capitale. Au nord de Tbilissi, Mtskheta s’affiche comme la gardienne de l’orthodoxie géorgienne. C’est ici que Nino, au IVe siècle, aurait converti les rois d’Ibérie (nom originel d’une partie de la Géorgie) à la chrétienté. Dans la pénombre de la cathédrale de Svétitskhovéli (XIe), comme dans l’église perchée de Djvari (V-VIes), la ferveur des fidèles remplit d’émotion. « Dans le pays, les monastères se comptent par centaines. Ils structurent le territoire et participent à l’entretien de l’agriculture », confirme notre guide. Nous croiserons ces nonnes et ces moines paysans, de noir vêtus, aux monastères de Shuamta, Ikalto, Bodbe…

Mais la Géorgie est aussi un pays à grand spectacle. Nous en découvrons le visage ultramontagneux dans le Caucase, au nord, près de la frontière russe. Seul passage naturel tracé à travers cette muraille de 1 300 km de long, la route dépasse la station de ski de Gudauri, double une interminable file de camions, franchit dans la neige le Jvari Pass (2 395 m) avant d’arriver à Kazbegi, au pied du mont éponyme (5 047 m). L’ascension à pied jusqu’au monastère Gergeti, perdu dans cette immensité désolée, est un moment intense d’un voyage en Géorgie.

À l’extrême nord-ouest du pays, nous retrouvons le massif, dans une version plus reculée. Nous sommes en Svanétie, région considérée comme la protectrice des traditions. Au bout d’une route de haute vallée interminable, voici Mestia, un rude village de montagne, aux traditions rurales archaïques. La raison de venir si loin ? Pour voir les exceptionnelles tours de défense médiévales, accolées aux maisons. Certaines font plus de 20 m. Le tout s’offre sur fond de sommets enneigés, dominés par le mont Skhara (5 068 m), point culminant du pays. Magique.

Bord de mer et gastronomie

La mer fait aussi partie des atouts de la Géorgie. Au sud-ouest, près de la frontière turque, c’est l’Adjarie, une région de montagne plongeant dans la mer Noire. Le climat y est subtropical, la végétation luxuriante (culture du thé). Surtout, le tourisme se concentre dans ce qui est devenu une station bling-bling, mi-Dubaï, mi-Las Vegas, en format réduit : Batoumi. Pour apprécier ce « Nice » géorgien, dressé de buildings mégalos, il faut emprunter le récent téléphérique qui grimpe sur la colline.

Reste la gastronomie. Elle est épatante. Derrière les noms compliqués se cachent des coupe-faim succulents : katchapouri (pain au fromage, vendu partout), kaxeti (chausson à la viande), khinkali (gros raviolis fourrés de viande hachée, patates, oignons…)… Le tout arrosé de vins géorgiens, rouges (saperavi, moujouretouli…) ou blancs (rkatsiteli, mtsvane…), excellents. La mer, la montagne, le patrimoine, la cuisine… La Géorgie a tout d’une destination en devenir. 

Philippe Bourget

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3263