Le lac de Côme en a fait rêver plus d’un, invitant à la contemplation et au romantisme. Il a inspiré Stendhal (« la Chartreuse de Parme »). Verdi y a composé « la Traviata », Bellini « la Sonnambula » et « la Norma ». Sans compter les amours que ses rives ont abritées, dont celles de Franz Liszt et Marie d’Agoult.
À l’Ouest de l’immense étendue d’eau, Côme trône en bonne capitale de la soie, et au Sud-Est, les reliefs montagneux de Lecco sont le berceau de l’alpinisme italien. Mais c’est Bellagio, protégé par les Beaux-Arts italiens qui est « la perle du lac ». C’est là, à l’intersection des deux bras en Y inversé du lac, que trône le Grand Hôtel Villa Serbelloni.
Longtemps accessible uniquement par l’eau, avec un ponton privé, le palace de Bellagio réservait ses charmes à l’aristocratie friande de villégiatures prestigieuses en Europe. Des têtes couronnées anglaises ou russes (le prince Gagarine occupera, en janvier 1901, quatorze chambres de l’hôtel). Des membres de la jet-set ou de la politique, comme Isadora Duncan, Clark Gable, Al Pacino, Robert Mitchum, Rudolf Valentino, Franklin Roosevelt, Winston Churchill, ou encore JFK (dont l’une des 95 chambres et suites porte le nom). Tous y ont trouvé luxe, calme et… Intimité. Même si, depuis 1992, on peut atteindre le pittoresque village de Bellagio et la magnifique Villa Serbelloni par une sinueuse petite route qui s’enroule le long du lac.
Petit bout de monde, le palace a été construit au XVe siècle pour un noble de Crémone. Il devient en 1872 le Grand Hôtel Bellagio, sur lequel le temps a suspendu son vol. Rachetée par la famille Bucher, des pionniers suisses de l’hôtellerie de luxe, la majestueuse Villa prend le nom du comte Serbelloni, auquel elle a appartenu au XVIIIe.
Un centenaire à célébrer
Les propriétaires résident dans le bel établissement depuis son acquisition en 1918. Gianfranco Bucher, l’actuel maître des lieux, se souvient de joyeuses courses à vélo dans les couloirs dégagés de leur précieux mobilier, le temps de la fermeture annuelle. Il évoque aussi les strictes consignes parentales une fois la prestigieuse clientèle revenue.
Protégé par la nationalité suisse des propriétaires, le palace a accueilli pendant la dernière guerre plusieurs familles et artistes. On admire certaines œuvres dans ses couloirs et salons. Le Grand Hôtel Villa Serbelloni a su traverser les modes sans toucher à sa fastueuse décoration baroque et néoclassique. Il conserve ainsi son âme (forte). D’ailleurs, qui ne rêve pas au « Guépard » de Visconti en savourant son royal petit-déjeuner sous les ors de l’époustouflante salle de bal ?
Cela fait 100 ans que chaque génération de la famille veille à préserver le charme des lieux. Cet anniversaire est célébré par des concerts classiques et un menu spécialement concocté par le chef étoilé Ettore Bocchi. Le charme d’antan s’accommode fort bien des audaces de la cuisine moléculaire.
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