L’hiver n’a jamais été le temps fort du tourisme en Tunisie. Mais au moins voyait-on autrefois les seniors, qui venaient à Hammamet, Sousse ou Djerba profiter du soleil. Las, la révolution et surtout les attentats ont mis à mal le tourisme tunisien et les hôtels de Yasmine Hammamet font pâle figure en ce creux de la saison, fermés, et même pour certains à vendre. Le pays n’échappera pas à une remise en question de son modèle de développement touristique, s’il veut demain retrouver de l’allant et séduire de nouveaux visiteurs.
Car la demande a évolué. Les voyageurs souhaitent désormais un tourisme intimiste, plus au contact de la population et des terroirs, sans négliger une qualité qui fait parfois défaut dans des établissements balnéaires all inclusive, où le prix low cost a longtemps servi de seul argument. Cela s’appelle le « tourisme alternatif » et si certains y pensent depuis longtemps, les actes ont du mal à suivre les paroles. Ils sont freinés par une bureaucratie intraitable, le manque d’argent et d’investisseurs et, il faut bien le dire, par des priorités autrement plus urgentes, comme la recherche d’une stabilité gouvernementale et le retour d’une sécurité à long terme.
Car il est vital, aussi, que ce pays retrouve de la sérénité. Et qu’il ne soit plus la proie d’attaques terroristes dont les dernières – au musée du Bardo et à Sousse – ont clairement ciblé des touristes. À ces seules conditions, la confiance reviendra et la Tunisie pourra de nouveau communiquer sur des atouts qui n’ont pas disparu, loin s’en faut.
Village perché
Sidi Bou Saïd, un week-end d’hiver. La foule, exclusivement tunisienne, se presse dans les ruelles du village bleu et blanc, peut-être le plus beau du pays. Maisons chaulées, portes sculptées d’un bleu intense, volets azur… : perché au-dessus de la Méditerranée, à deux pas de Tunis, le bourg est un écrin qui fascine les Européens. Du café des Nattes à celui des Délices, on y vient pour siroter un thé à la menthe, acheter une ou deux babioles artisanales et s’émerveiller devant la beauté des palais, d’inspiration arabo-andalouse.
Comme celui d’Ennejma Ezzahra, dit aussi palais du baron d’Erlanger. Dominant le port et la mer, il est l’œuvre de cet artiste (1872-1932), né en France, citoyen britannique, d’origine allemande, mariée à une Italienne. Peintre, mélomane et collectionneur, il fit appel aux meilleurs artisans tunisiens pour travailler le marbre, le bois, le stuc. Les objets d’art exposés, tapisseries persanes, bijoux, porcelaines chinoises…, sont d’une richesse inestimable. En prime, le palais abrite une exposition permanente d’instruments de musiques traditionnels tunisiens.
Phéniciens et Romains
Proche de Sidi Bou Saïd, Carthage, classé au patrimoine mondial par l’Unesco, pourrait être aussi l’une des attractions majeures du tourisme tunisien. Mais l’intérêt des sites carthaginois et romains, déjà mis à mal par l’Histoire, est fragilisé par un déficit sérieux de mise en valeur, qui fait peine à voir. Dommage, car du tophet (ancien lieu de culte) aux thermes d’Antonin, en passant par le parc des villas et les citernes romaines, il y aurait tant à dire.
Tunis offre en temps normal une animation nettement plus survoltée. Ses souks, parmi les plus grands du Maghreb – et moins touristiques que ceux de Marrakech –, sont un bonheur pour qui aime se perdre dans les dédales commerçants nord-africains, organisés ici en quartiers de corporations. Textile, chaussures, épices, cuivre, bijoux, cuirs, parfums…, le choix est infini et permet de laisser libre cours à cette spécificité typiquement arabe : le marchandage.
Au passage, mosquées (dont la Zitouna, la plus grande de la capitale), tourbets (mausolées), hammams, palais et centres d’art complètent la plongée dans ce monde musulman dépaysant. S’y ajoute le plaisir de dégustations gastronomiques (couscous, gargoulettes, poissons), comme au restaurant Dar Belhadj (rue des Tamis), typique et succulent, avec son patio et de ses galeries.
Au sud du cap Bon, péninsule gorgée de vignes et d’oliviers, se trouve la côte touristique, saturée d’hôtels. On peut ne pas aimer cet alignement sans fin d’établissements balnéaires, bâtis autour d’îlots commerciaux artificiels, telle la fausse médina de Yasmine Hammamet. Mais certaines enseignes offrent des prestations qui valent largement le séjour, associant plaisirs de la plage et qualité des soins de thalasso.
D’autres préféreront, au sud, l’aventure du désert tunisien, à partir de Tozeur ou de Matmata. La Tunisie ne manque pas d’arguments. Il lui reste à retrouver la sérénité et l’envie de se vendre « autrement ».
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