Les croisiéristes qui débarquent l’été à Kotor ratent quelque chose. Certes, l’entrée dans ce « fjord » profond reste un moment inoubliable. La ville de Kotor et ses remparts, les villages aux palais et tavernes à fleur d’eau de Perast ou d’Herceg Novi, l’église Notre-Dame-du-Rocher sur son îlot constituent des haltes retentissantes. Non loin de là, la vieille ville de Budva plaît aussi aux amateurs de vestiges. L’animation estivale enfonce le clou d’une destination côtière dans l’air du temps. Mais l’identité du pays est ailleurs. Et notamment dans ces montagnes qui dévalent vers la Méditerranée par des versants vertigineux.
Pas très loin de la mer, le lac de Skadar forme un sanctuaire naturel de plus de 400 km², partagé avec l’Albanie. Son émissaire, la rivière Crnojevica, ondule en amont entre des collines calcaires, dans un décor sauvage achevé par un delta. Peu de touristes ici, à cause d’un accès difficile par des routes étroites. Peu d’habitants non plus, hormis des hameaux isolés, à l’image du charmant petit port de Karuc. Partie intégrante du parc national du lac de Skadar, cette vallée basse est un refuge pour la faune avicole. Lors d’excursions en barque, on peut observer des hérons, des cormorans, des foulques et parfois d’imposants pélicans frisés, emblèmes du parc.
Des paysages époustouflants
Depuis Podgorica, porte d’entrée du pays où l’on ne s’attardera pas – c’est la capitale la moins attrayante d’Europe –, la route vers la Serbie monte à travers les spectaculaires gorges de la Moraca. La faille donne accès à Kolašin, bourg de montagne animé au pied de la principale station de ski du pays. De là, direction l’est et la région musulmane du Monténégro, aux frontières de l’Albanie et du Kosovo. Des touristes occidentaux, ici ? Quasiment aucun. Pourtant, cette région enclavée, dressée de minarets, abrite le plus haut sommet du pays, dans un parc national aux paysages époustouflants, Prokletije.
Toujours au nord, voici le parc national de Biogradska Gora. Un territoire pour marcheurs, sillonné de sentiers. Les moins agiles se contenteront d’une promenade autour du lac de Biograd, joli plan d’eau d’altitude serti au pied de versants boisés.
La route continue en direction du Durmitor. Entre 1 400 et 2 500 m d’altitude, ce massif a des allures de plateau du Vercors, sectionné par une rivière intrépide : la Tara. Rafting et tyroliennes ont rendu célèbre ce cours d’eau dont on découvre l’entaille profonde depuis le pont de Djurdjevica.
La Tara descendue, faut-il quitter le Durmitor ? Surtout pas ! Depuis Zabljak, petite capitale du massif, cap vers le point de vue de Curevac, formidable belvédère sur le canyon. Plus à l’est, perdu dans la montagne, le village de Crna Gora éparpille ses petits chalets de bois et de pierres sur des versants verdis par la pluie.
Un itinéraire doit absolument être emprunté pour s’échapper du Durmitor : il relie au massif voisin de Planina Pivska. Imaginez un col grimpant à près de 2 000 m d’altitude. Des paysages rocheux décharnés au-dessus de versants herbeux. De rares troupeaux de moutons ou de vaches. Bienvenue sur l’itinéraire reliant Zabljak à Pluzine, la route de montagne la plus spectaculaire du Monténégro.
L'ancienne capitale
La descente vers la Méditerranée livre de nouvelles attractions. Passées la vallée de la Piva et Nikšic (deuxième ville du pays, également sans intérêt), l’arrêt s’impose au monastère d’Ostrog. Agrippé à une falaise calcaire, ce blanc sanctuaire orthodoxe est l’un des plus fréquentés des Balkans. Les pèlerins affluent pour se recueillir devant un saint vénéré par les Serbes, Basile d’Ostrog.
Avant de rejoindre Kotor, petit détour par Cetinje, l’ancienne capitale du pays, de 1878 à 1945. Les rues sont bordées d’anciens palais et d’ambassades (dont celle de France), d’un monastère, d’un théâtre royal… Pendant plus de 60 ans, notamment sous le règne de Nicolas Ier, la ville connut un intense ballet diplomatique. Il en reste une pointe d’atmosphère aristocratique, dont témoigne le café Gradska Kafana, aménagé dans l’ancienne ambassade de Bulgarie.
L’Adriatique approche et l’exceptionnelle route Serpentine, 17 km taillés dans la falaise, permet de dévaler depuis le massif de Lovcen vers Kotor. Elle offre des points de vue extraordinaires sur la baie, que les croisiéristes n’auront jamais. Car la montagne est assurément le joyau du Monténégro.
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