QUI CONNAÎT vraiment l’Ombrie ? Nombre de voyageurs n’ont qu’une vague idée de ce à quoi ressemble cette région d’Italie, enfermée entre la Toscane, le Latium et les Marches, la seule au centre de la péninsule dépourvue de littoral maritime. Il est vrai que la province n’a jamais déployé de grands moyens pour promouvoir ses atouts.
Sur place, à deux heures et demie de route de l’aéroport de Rome, les réticences supposées volent en éclat. Premier atout : les paysages sont remarquables. À ceux qui ne connaissent de la Botte que sa version grillée sous le soleil estival, l’Ombrie oppose un relief de collines verdoyantes et agricoles, égrené de fermes isolées. Avec le lac Trasimène, la région possède le plus grand plan d’eau d’Italie péninsulaire et est sillonnée par le Tibre. Il forme en aval de Todi des gorges rafraîchissantes. Surtout, le patrimoine donne le tournis. Si la Toscane est le berceau de la Renaissance italienne, l’Ombrie est le refuge bien gardé du médiévalisme italien, remanié d’influences Quatroccento.
Atmosphère médiévale.
Au centre de la région, Pérouse. La ville en creux et bosses aux 170 000 habitants, dont beaucoup d’étudiants, affiche une architecture étincelante. De part et d’autre du corso Vannucci, artère la plus animée de la vieille ville, les bâtiments rivalisent d’une grâce teintée d’austérité. Le palais des Prieurs en est le joyau, avec son magnifique portail sculpté. Il abrite la galerie nationale de l’Ombrie, un musée dédié aux amateurs de peinture religieuse. On y trouve des œuvres du Pérugin, célèbre peintre de la Renaissance. Au bout du corso, la cathédrale San Lorenzo est précédée d’une somptueuse fontaine du XIIIe siècle, considérée comme le plus bel exemple baroque de ce type en Italie.
D’escaliers en passages voûtés, Pérouse dévoile son atmosphère médiévale, ouvrant des perspectives sur la campagne alentour. La cité protège aussi un entrelacs de ruelles couvertes. Sous l’ancienne forteresse, la via en arches Bagliona est ainsi le curieux témoin souterrain des remaniements urbains entrepris depuis le Moyen Âge.
Après Pérouse, direction Assise. La ville cultuelle du pieux Saint François est la capitale mondiale des Franciscains. La débauche de bondieuseries est pesante mais dans cette cité pèlerine, la profusion d’églises enchâssées au milieu de maisons médiévales dégage un charme entêtant.
Il faut se rendre aussi à Gubbio. Au nord-est de la région, la ville longtemps rivale de Pérouse livre une architecture remarquable. Dans sa partie basse, l’immense loggia construite au-dessus d’arcades médiévales était le lieu où les artisans séchaient et étiraient les pièces d’étoffes. Plus haut, le gracile palais des Consuls (XIVe) abrite les tables Eugubines. Gravées dans le bronze, elles sont le témoin unique de l’antique et mystérieuse langue ombrienne (300-100 av. J.-C.). La place devant le palais est le point de départ, chaque 15 mai, de la médiatique fête des Cierges. De là, un labyrinthe de passages et de ruelles bordées de maisons XIIIe et XIVe siècles enfonce le clou de la déferlante médiévale.
Vins rouges et bruschetta.
Passé Todi et ses remparts, protection puissante des austères palais de la place du Peuple, le sud-ouest de l’Ombrie et son climat sec coïncident avec la culture de la vigne. Cela tombe bien, car la tradition culinaire régionale est largement à la hauteur (pecorino, pâtes stringozzi, bruschetta, omelettes à la truffe noire…). À Orvieto, édifiée sur une falaise de tuf, les croyants se délectent du vin de messe servi dans la cathédrale, à l’époustouflante façade en mosaïque polychrome. L’Ombrie ne produit qu’une part infime des vins italiens. Mais qui n’a jamais goûté un rouge sagrantino ou un vin doux aleatico frappera aux portes du paradis avec une petite frustration…
Pour être complet, il faut encore évoquer Foligno et son palais Trinci (XVe), Nursie et le parc national des monts Sibillins, Spoleto et son foisonnement médiéval, Montefalco et ses remparts… L’Italie est décidément trop gâtée.
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin