ON ARRIVE à Sarajevo avec des images fortes, celles de la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995). Les plus de 30 ans se souviennent de la ville assiégée, presque entièrement détruite par les bombardements serbes. Vingt ans après, on peut découvrir les lieux qui rappellent, crûment, ce conflit des temps modernes.
En cette année 2014, Sarajevo fête aussi d’autres anniversaires. Il y a 100 ans, le 28 juin 1914, le prince François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, y était assassiné. Rue Zelenih Berekti, devant le pont Latin, sur la rivière Miljacka, le visiteur peut lire la plaque souvenir et rafraîchir sa mémoire dans le musée installé à l’endroit même où fut commis le crime. On connaît la suite. Au musée d’histoire de Sarajevo, un peu daté mais aménagé dans une splendide halle commerciale ottomane (1551), on s’imprègne du contexte politico-diplomatique de l’époque, qui mit le feu aux poudres sur le Vieux-Continent.
La ville commémore également le 30e anniversaire des jeux Olympiques d’hiver de 1984. Sarajevo est au fond d’une vallée, entre des montagnes. Des quartiers villageois (Vratnik, Bistrik…) partent à l’assaut de pentes qui, plus loin, se terminent en sommets. Près de l’aéroport, il est possible de se promener dans Dobrinja, l’ex-village olympique. Depuis ce quartier d’habitation aux immeubles aérés, la curiosité pousse jusqu’à franchir à pied la frontière invisible qui sépare les deux parties du pays : d’un côté, la Fédération de Bosnie-Herzégovine, à majorité musulmane et croate – Sarajevo en fait partie ; de l’autre, la République Srpska, à dominante serbe. Mosquées en nombre d’un côté, églises orthodoxes de l’autre… Tel fut le résultat de la guerre. La partition confessionnelle mit fin à l’équilibre historique entre les communautés de Sarajevo. La « Jérusalem d’Europe », composée avant 1992 de 49 % de Bosniaques (musulmans), 30 % de Serbes et 7 % de Croates, est aujourd’hui à 90 % peuplée de Bosniaques.
Mélange de cultures.
Conquise par les Ottomans au XVe siècle, occupée par les Austro-Hongrois de 1868 à 1908, la capitale bosnienne affiche un patrimoine en forme de melting-pot des cultures. On se perd avec délice dans Bascarsija, le centre ancien et ses maisons en bois ottomanes, transformées en restaurants et boutiques de souvenirs. Au cœur du quartier se trouve la grande mosquée Gazi Husrev-Begova et des endroits cachés, comme cet ancien caravansérail devenu un îlot commercial (Morica Han). Vers l’ouest, le long de la rue piétonne Ferharija, que jouxtent la vieille synagogue et la cathédrale catholique (il reste à Sarajevo 700 juifs et 5 % de chrétiens), on aperçoit aisément l’influence austro-hongroise. Les beaux immeubles « viennois » sont partout, symboles d’un prestige bourgeois qui provoqua l’essor culturel, scientifique et économique de la ville. Au-delà, Marsala Tita a gardé le surnom de Sniper Alley. D’autres bâtiments ont poussé depuis, comme le Sarajevo City Center. Vaste shopping mall inauguré ce printemps, il s’affiche en vitrine de la consommation locale, pour la classe aisée, dans un pays où le chômage atteint 50 %.
Sarajevo, éminemment touristique d’avril à septembre, est une ville tranquille. Les visiteurs sont bien accueillis partout. Il y a certes des revendications, symbolisées par ces habitants qui manifestent leur mécontentement social devant la Présidence. Car la jeunesse n’aspire qu’à une vie meilleure, envahissant chaque soir restaurants économiques et bars à chichas. Pour les Français, Sarajevo peut être la découverte de l’année.
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