À quoi bon traverser l’Atlantique si c'est pour se cantonner aux plaisirs balnéaires ? Si les hôtels et les villas proposent des conditions rêvées pour des vacances « mer et plages », l’île des Antilles dispose d’assez d’atouts pour offrir au voyage une autre dimension. Sa géographie le prouve. Car la Guadeloupe n’est pas une île mais des îles, chacune étant marquée par une identité unique.
Les Saintes, habitées par des descendants de Normands et de Bretons, forment deux îles-villages au charme brut. À Terre-de-Haut, le climat est sec, les maisons sont pimpantes et le rythme de vie est, disons… débonnaire. On s’y balade à pied ou en VTT, à la recherche d’une anse tranquille pour poser sa serviette de plage. Vingt minutes de bateau suffisent pour l’atteindre depuis Trois-Rivières, à Basse-Terre.
Au large de Grande-Terre, Marie-Galante est restée agricole. Dans les champs de canne à sucre ou sur les petites routes de l’île, on croise encore des chars à bœufs. Le rhum, lui, est réputé pour sa qualité… et sa teneur en alcool, plus élevée que sur les autres îles ; plusieurs rhumeries se visitent dans tout l’archipel.
La Désirade est l’île secrète par excellence. Isolée face à la houle atlantique, elle abrite de nombreux varans qui se partagent les deux versants du territoire : l’un, au sud, villageois, est accueillant ; l’autre, au nord, sauvage, plonge brutalement dans l’océan.
Canyoning, plongée, paysage... irlandais
Quant aux deux îles principales, Grande-Terre et Basse-Terre, elles ont beau ne faire qu’une (séparées seulement par un étroit bras de mer), elles sont aussi dissemblables que de faux jumeaux. Basse-Terre enfonce le clou d’une destination nature et aventureuse. Plus haut sommet des Antilles, le volcan La Soufrière y domine sous les nuages un océan de forêts et de montagnes tropicales, propices à des randonnées sur des chemins appelés « traces ». Des bureaux du Parc national de Guadeloupe sont là pour informer le public. Sans aller jusqu’à gravir le volcan, on peut se contenter de balades tranquilles. Ainsi, cachées sous la forêt pluviale, les nombreuses cascades sont des buts de promenade rafraîchissants : chutes du Carbet (la seconde cascade se rejoint en 20 minutes de marche), cascade aux Écrevisses (au bord de la route de la Traversière), saut d’Acomat…
En version plus sportive, Basse-Terre se prête idéalement au canyoning. Avec un prestataire tel Canopée Forest Adventure, plusieurs rivières de montagne sont praticables. La Bourceau, dévalant des hauts de Bouillante, réserve notamment ses rappels et ses sauts aux intrépides.
La côte, elle, regorge de sites de plongée. Les clubs du village de Malendure, dont le très sérieux Les Heures Saines, emmènent les touristes découvrir le « spot » sous-marin le plus célèbre de Guadeloupe, l’îlot Pigeon et la réserve Cousteau.
En version familiale, difficile de quitter Basse-Terre sans rendre hommage à deux sites naturalistes de premier plan : le Jardin botanique de Deshaies, conservatoire de la flore tropicale et le Parc des Mamelles, zoo « forestier » avec d’étonnantes passerelles suspendues dans les arbres.
Et Grande-Terre, alors ? Peu montagneuse, agricole, elle n’a pas les mêmes atouts sauvages que sa voisine. Au sud-est toutefois, la Pointe des Châteaux, langue rocheuse effilée aux faux airs de cap breton, mérite l’excursion. Mais c’est au nord-est que l’île réserve sa plus belle surprise. La côte, jalonnée ici de cap et de falaises, ferait presque penser à l’Irlande. La Pointe de la Grande Vigie et la Porte d’Enfer, spectaculaires sous une météo houleuse, changent l’image d’une destination éternellement associée au sable blanc et aux cocotiers…
Mémoires des esclaves et de l'Afrique
Culture et Histoire se mêlent enfin pour hausser l’intérêt de la Guadeloupe. Petit rappel : l’île a été au cœur du commerce triangulaire. Le malheur des esclaves africains a permis l’essor de l’économie sucrière et fait la fortune des grands planteurs. Ce passé est à découvrir dans la passionnante exposition du Mémorial ACTe, le musée design consacré à la mémoire de l’esclavage aux Caraïbes, à Pointe-à-Pitre. Il invite même à en savoir plus. Ainsi, à Morne-à-l’Eau, sur Grande-Terre, l’aspect plaisancier du Canal des Rotours ne doit pas abuser : il a été creusé par les esclaves au début du XIXe pour relier la mer aux terres agricoles. À côté, la commune de Petit-Canal et ses « marches des esclaves », dans un port jadis réservé à leur débarquement, ravive la mémoire douloureuse de cette époque.
L’identité artistique de la Guadeloupe est la preuve qu’elle tient beaucoup de l’Afrique. Lors d’une fête de village – nombreuses toute l’année -, le rythme des percussions (le gwo-ka) n’est pas si différent de celui qu’on entend au Ghana ou au Togo. Et on trouve encore ici et là des quimboiseurs, chamans locaux héritiers des vaudous africains. Le climat tropical complète le portrait d’une île foisonnante, avec les épices (à acheter au marché de Pointe-à-Pitre) et les cultures de bananes, de café… De quoi s’offrir des vacances complètes, entre détente balnéaire et exploration authentique.
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