Enjeu financier et de santé publique, la substitution des médicaments biosimilaires par le pharmacien permettrait d’améliorer la santé de dizaines de milliers de patients, et à l’assurance-maladie d’économiser 160 millions d’euros sur ses dépenses, estiment les acteurs du GEMME (association GEnérique Même MEdicament). Malgré cela, leur adoption reste encore modeste en France, avec un taux de pénétration de 33,5 %, encore loin de l’objectif de 80 % fixé par la stratégie nationale de santé.
Des patients en confiance et demandeurs
Pourtant, la demande des patients est réelle. Comme en témoignent les résultats de l’enquête menée par l’Observatoire national des médicaments biosimilaires – soucieux de mieux connaître les attentes, les ressentis et les interrogations des patients vis-à-vis des traitements biosimilaires – auprès de 432 patients entre le 15 septembre 2023 et le 29 février 2024.
Ces résultats, présentés lors d'une conférence organisée le 17 septembre par l'Association Française de Lutte Antirhumatismale (AFLAR), révèlent que 83 % des patients sous biothérapie sont disposés à passer à un biosimilaire. Parmi ceux déjà sous biosimilaires, 82 % estiment que leur traitement est fiable, et 83 % le considèrent équivalent à la biothérapie en termes d'efficacité. La confiance envers les pharmaciens est également élevée, avec 82 % des patients sous biothérapie et 86 % des patients sous biosimilaires convaincus de leur expertise. Cependant, la moitié des patients jugent qu’ils n’ont « pas reçu le bon niveau d’accompagnement ou d’information sur le biomédicament » de la part de leur médecin. Pour les participants à la conférence, c’est le signe qu’il est temps d’avancer sur le sujet.
Quel rôle pour le pharmacien ?
Aux yeux de David Syr, directeur général adjoint de GERS Data, « l’équation à résoudre, c’est comment maximiser la qualité de vie du patient sous contrainte tout en faisant des économies ». Selon lui, le pharmacien a un rôle clé à jouer, tant dans l’accompagnement des patients que dans la dispensation des biosimilaires… à condition que les équipes officinales elles-mêmes soient correctement formées et accompagnées, et que cette mission soit rentable pour les pharmaciens. Mais ces derniers sont-ils prêts ? Affirmatif, répond Mehdi Djilani, président du groupement Totum Pharmaciens (créateur du site biomedinfo) : « La force de notre réseau, c’est la proximité. Nous pouvons facilement échanger avec les patients sur l’efficacité mais aussi l’impact quotidien de ces médicaments. » Comme le rappelle Françoise Alliot-Launois, présidente de l'AFLAR, « leur traitement c’est leur compagnon, et pour qu’il fonctionne, il est essentiel qu’ils construisent une relation de confiance avec ce dernier ».
Beaucoup pensent encore que seul le médicament princeps est efficace, alors que le premier biosimilaire, l'insuline, est déjà largement accepté par tous
Dr Alain Toledano, oncologue
D’autant que la France ne manque pas d’armes. « En plus de cette demande des patients pour les biosimilaires, nous avons une industrie et une ingénierie parfaitement capables de les produire… pourtant, nous n’avançons pas, car notre imagination est dépassée. Beaucoup pensent encore que seul le médicament princeps est efficace, alors que le premier biosimilaire, l'insuline, est déjà largement accepté par tous. Nous avons besoin d’une refonte de la façon dont on perçoit les médicaments en France », constate le Dr Alain Toledano, oncologue radiothérapeute et fondateur de l'Institut Rafaël.
D’autant que, comme le rappelle le Dr Stéphane Mouly, vice-président de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) : « Les biosimilaires ont fait leurs preuves dans des études de vie réelle, tant en termes d’efficacité que de tolérance, sans plus de réactions immunologiques que les princeps. » Pour lui, reconnaître l’importance des biosimilaires, en renforçant la sensibilisation du public et en assurant un financement suffisant, profiterait non seulement à la santé publique, mais permettrait aussi de mieux répondre aux tensions d'approvisionnement et aux enjeux de souveraineté.
D’après la conférence « Les biosimilaires, des médicaments comme les autres ! » organisée le 17 septembre par l’Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR).
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