Mise au point galénique

La cosmétologie sous toutes ses formes

Publié le 28/11/2011

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Claude Galien a été le père de la galénique ou de l’art de mettre en forme les médicaments. Développée en cosmétologie, la galénique utilisait au début des préparations traditionnelles, mais avec les progrès de la recherche et l’apparition de nouvelles technologies, le choix des préparations s’est désormais élargi et permet aujourd’hui de mettre au point des formules cosmétiques répondant à trois qualités principales : innovation, efficacité et tolérance.

DANS les années trente, la dermocosmétique n’existait quasiment pas dans les officines, ou en était à ses balbutiements. Les problèmes de peau étaient traités avec les préparations magistrales que les pharmaciens élaboraient dans leurs préparatoires. Les formes galéniques ancestrales de la pharmacie (pommades, pâtes…) et les textures issues de la Pharmacopée (cérat, cold-cream, liniment oléocalcaire) étaient peu utilisées en cosmétologie. C’est Vichy qui a donné ses lettres de noblesse à la dermocosmétique en créant les premiers produits par types de peau, et c’est aux pharmaciens que la marque a choisi de confier ses « Secrets » de beauté.

Les formes galéniques classiques

Les formes actuelles utilisées couramment en cosmétologie peuvent être de différentes natures (liquide, solide, pâteuse, poudreuse…), mais elles bénéficient de l’évolution des procédés de fabrication. Leur formulation s’appuie sur la connaissance des matières premières et des mécanismes de fonctionnement de la peau, et convoque les savoirs de plusieurs disciplines scientifiques : physique, physico-chimie, biologie, microbiologie…

- La lotion est la forme galénique la plus simple, elle se compose d’un liquide dans lequel le principe actif est en solution ou en suspension (agiter le flacon avant utilisation)

Plus récentes, les lotions micellaires s’obtiennent par l’insertion de principes actifs hydrophobes dans des agents de surface généralement hydrophiles, qui dispersés dans l’eau se rassemblent en agrégats ou micelles.

- Les huiles sont d’origine végétale ou minérale. Selon leur formulation, on obtient une huile sèche dans laquelle on incorpore des huiles de silicone et des filtres solaires (huiles solaires), une huile hydrodispersible (huile de bain) grâce à l’incorporation d’un tensio-actif non ionique qui permet la solubilisation et la dispersion de l’huile dans l’eau, ou une huile nettoyante moussante et émulsionnante pour la douche grâce à l’incorporation d’une base lavante.

- Les gels sont constitués de 95 % d’eau environ et ils sont gélifiés à l’aide d’agents spécifiques. Ils possèdent des propriétés hydratantes, rafraîchissantes, nettoyantes… Non gras, ils sont faciles à appliquer, ils pénètrent rapidement et ne laissent pas de film gras sur la peau.

- Les émulsions représentent la forme galénique la plus courante en cosmétologie, sous l’aspect d’une crème ou d’un lait en fonction de sa viscosité. Il existe deux types d’émulsions simples : soit la phase externe est la phase lipophile H/L, soit la phase externe est hydrophile L/H. Afin de mélanger ces deux phases qui ne sont pas miscibles et obtenir un mélange stable, on ajoute un tensioactif ou un émulsionnant. Cette molécule naturelle ou synthétique possède une double polarité lipophile-hydrophile et elle diminue la tension de répulsion en se plaçant à l’interface des deux phases.

- Les gels-crèmes sont des gels émulsionnés dans lesquels il a été possible de disperser des gouttelettes d’huile grâce à l’incorporation d’un solubilisant. Ils combinent la fraîcheur et la légèreté d’un gel et la douceur et le confort d’une crème.

- Les sticks sont formulés à base de cires et d’huiles hydrogénées. Ils sont enrichis en actifs nutritifs, hydratants, réparateurs, isolants, pour protéger les lèvres ou les mains des agressions extérieures (soleil, vent, froid). Les sticks correcteurs sont destinés à dissimuler et/ou traiter des imperfections cutanées (cernes, boutons, rougeurs…). Leur application locale est ciblée.

- Les poudres libres et compactes sont appréciées pour parfaire le maquillage afin de matifier et d’unifier le teint. Les poudres libres absorbent l’humidité du visage et le sébum.

Les formules galéniques de pointe

- Les émulsions multiples sont des formes galéniques très intéressantes car elles admettent pratiquement toutes les substances actives hydro- ou liposolubles, et elles apportent l’huile (H) et l’eau (E) à la peau. Elles sont constituées de trois phases emboîtées comme les poupées russes, E/H/E ou H/E/H, la phase dispersée renferme une autre phase dispersée. Les objectifs sont de protéger les actifs les plus fragiles, de mettre dans une même préparation des substances incompatibles, et d’assurer une libération ciblée, différée et prolongée des actifs. Les émulsions E/H/E sont préconisées en cosmétique pour des activités anti-solaire, démaquillante, hydratante, anti-âge, parfumante…

- Les émulsions sans tensioactifs sont réalisables en recourant à des macromolécules (polymères) qui, au contact de l’eau, forment un réseau de mailles similaires aux mailles d’un filet. Ces mailles piègent et retiennent les gouttelettes d’huile. Dépourvue de toute substance irritante, cette formulation présente une excellente la tolérance et elle est recommandée pour le soin des peaux fragiles.

- Les micro- et nano-émulsions ont une texture très fluide, facilement pulvérisable, et elles sont utilisées sous forme de sprays.

Les nouveaux véhicules d’actifs

- Les microparticules sont des systèmes matriciels ou réservoirs chargés d’actifs et doués d’une grande capacité de diffusion. Les microparticules se répartissent régulièrement à la surface de la peau et délivrent leurs actifs pendant des heures, très progressivement. Ceux-ci se fixent soit directement sur la matrice poreuse, ce sont des microsphères. D’autres sont incorporés à l’intérieur d’une capsule formant une enveloppe solide qui assure leur protection et leur stabilité, ce sont des microcapsules.

- Les nanoparticules sont encore plus petites que les microparticules, et elles s’insèrent encore mieux au niveau de la couche cornée pour apporter les actifs au cœur de la cellule. Les nanocapsules sont des systèmes réservoirs contenant des actifs en général de nature lipophile. Les nanosphères sont des systèmes matriciels (particules de structure poreuse) qui véhiculent des extraits végétaux, des éléments minéraux ou organiques, des acides aminés. Ainsi, les pigments de dioxyde de titane, lorsqu’ils sont incorporés dans des nanoparticules, permettent de diminuer l’effet blanchissant des produits solaires, tout en conservant une bonne absorption dans les UV.

- Les liposomes sont des vésicules sphériques de quelques dizaines à quelques milliers de nanomètres de diamètre, dont l’enveloppe est constituée d’une ou de plusieurs bicouches de lipides, alors que le centre est occupé par une cavité aqueuse. Ainsi, ils peuvent véhiculer aussi bien des principes actifs hydrophiles que lipophiles. L’enveloppe des liposomes est identique à celle des membranes cellulaires et fusionne avec elles.

- Les cristaux liquides sont un état intermédiaire entre l’état liquide et l’état cristallin. Ce sont des systèmes lamellaires obtenus à l’aide d’émulsionnants particuliers qui s’agencent en bicouches superposées en emprisonnant les molécules d’eau. Le produit obtenu possède d’excellentes propriétés d’hydratation et d’étalement.

- Les cyclodextrines sont des oligosaccharides cycliques résultant de la dégradation enzymatique de l’amidon. On peut inclure dans leur cœur des molécules dont les propriétés physico-chimiques peuvent être améliorées (solubilité, biodisponibilité).

- Les patchs utilisés en dermocosmétique sont épidermiques. Ils sont appliqués sur la peau, mais, contrairement aux patchs transdermiques utilisés pour les médicaments, ils ne permettent pas de diffusion systémique des actifs.

› CHRISTINE NICOLET