Les chemins qui mènent à l’observance sont multiples et parmi eux, il en est un qui a le vent en poupe, c’est celui de la PDA automatisée. Vraie tendance liée à une demande croissante de patients de plus en plus polymédiqués, hospitalisés à domicile ou non, la PDA au comptoir peut permettre d’aider à l’observance des plus de 50 ans. Il y a deux façons d’aborder cet enjeu, soit l’officine est déjà équipée de process de PDA automatisée à destination des EHPADs et cherche de nouvelles opportunités de développement, soit elle décide de se lancer dans la PDA pour aider les seniors dans leur démarche d’observance. Précisons que dans ce second cas, la PDA manuelle est sans doute la meilleure façon de se lancer dans cette activité. C’est en tout cas la position de Tristan Zerbib, directeur d’Objectif PDA, qui depuis longtemps défend les avantages de la PDA manuelle dans certains contextes. Et la PDA au comptoir en fait partie selon lui. « Certes, ce marché est très prometteur et il devrait à terme dépasser celui des EHPADs, mais pour l’instant, on en est loin, puisque la moyenne du nombre de patients traités par officine est de 1,5 par, jour, ce qui ne permet pas de rentabiliser un investissement dans un automate de PDA », explique-t-il. La rentabilité est le cœur du problème comme le confirme Sylvie Manzano, chef de projet chez E Santé Technology qui préconise de travailler avec un EHPAD, ne serait-ce qu’un seul, quitte ensuite à n’adresser que des patients de ville, afin de rentabiliser un investissement en PDA automatisée.
Compter avec la diversité des patients
Pour toutes les officines qui ont déjà un automate de PDA et travaillant avec un ou plusieurs EHPADs, la PDA au comptoir n’est jamais qu’une extension d’une activité déjà bien huilée. « Les pharmaciens qui viennent aux patients de ville considèrent que c’est facile, compte tenu de la complexité du travail à effectuer avec les EHPADs », remarque Tristan Zerbib. De fait, les process très rigoureux nécessaires à la PDA automatisée pour les maisons de retraite permettent d’envisager sereinement la PDA au comptoir. Qui peut le plus, peut le moins. Mais il ne faut pas cependant sous-estimer la complexité de la tâche concernant les patients de ville, d’abord parce que c’est une clientèle aux profils très variés, cela va du patient qui cherche juste un système de confort pour sa prise de traitements au patient assisté avec une posologie complexe. Par ailleurs, la problématique liée à la présentation des médicaments et à leurs contenants n’est pas du tout la même. Les EHPADs sont habitués aux sachets doses, guère appréciés des patients au comptoir qui leur préfèrent largement les blisters. Cela signifie une adaptation des équipements pour permettre de délivrer des traitements contenus dans des blisters. Or, aujourd’hui, la plupart des prestataires proposent des automates séparés, soit ils sont adaptés pour les sachets dose, soit ils le sont pour les blisters. Objectif PDA compte bien lancer une machine mixte, dans sa gamme ATPrx, sous le nom d'ATP Flex, à la toute fin de cette année, mais dans la plupart des cas, il faut songer à une machine supplémentaire. Ce qui du reste peut servir, en cas de panne de la première machine, ou de surcharge de travail, même si cela représente un investissement supplémentaire.
« Le marché s’oriente vers de petites machines, des automates de petite capacité pour blisters », observe Tristan Zerbib. Il faudra cependant se poser la question de savoir si le temps gagné grâce à ces petites machines sera suffisant pour justifier l’investissement. D’où un arbitrage nécessaire pour des solutions moins coûteuses, de PDA manuelle ou semi-automatisée.
Être clair et simple
L’autre enjeu lié à la PDA au comptoir est lié à la présentation des informations contenues sur les blisters et relatives aux traitements à suivre. Les pharmaciens travaillent avec les EHPADs et sont habitués à transmettre des informations selon des règles rigoureuses définies par leurs clients, des informations détaillées, lues par les personnels médicaux coutumiers des prescriptions complexes et du souci de traçabilité induit par les notifications contenues sur les sachets doses. Avec les patients au comptoir, il faut être plus clair et plus simple. Utiliser par exemple des grandes icônes, des couleurs spéciales pour différencier les traitements, des indications faciles à lire… Autre différence notable avec les EHPADs, le rythme de délivrance, qui peut être mensuel au lieu d’hebdomadaire, de façon à ne pas forcer le patient à revenir toutes les semaines. Néanmoins, cela dépend des cas, des changements peuvent être apportés aux prescriptions, mais d’une façon générale, les pharmaciens peuvent adapter leurs systèmes au rythme de délivrance souhaité par les patients.
Les prestataires estiment cependant qu’adapter la PDA automatisée aux patients de ville ne suffit pas à remplir les objectifs que les pharmaciens peuvent se fixer quant à l’observance. Ce n’est pour eux qu’une partie de la prestation : il leur paraît indispensable de la compléter par des outils d’alerte et de surveillance qui vont aider les patients à mieux suivre leurs traitements. Ce que ne peut faire la PDA automatisée qui ne va pas au-delà de la préparation des traitements et des piluliers. De plus en plus de prestataires cherchent ainsi à étendre leur offre pour couvrir au mieux cette problématique liée à l’observance. Ainsi Oréus a-t-il commercialisé un pilulier à la rentrée auquel il va ajouter une application mobile dans le courant du premier semestre de l’année prochaine pour aider les patients. « Ce n’est pas un pilulier connecté, mais néanmoins relié à une application, de façon à ne pas en rendre le coût trop élevé, les piluliers connectés coûtent cher et il faut du wifi et de la 4G », explique Olivier Foubet, directeur marketing d’Oréus. L’application mobile sera déclinée en deux versions, l’une pour les patients et l’autre pour les infirmières libérales, en charge de patients à domicile.
Faire payer la prestation dans son ensemble
E Santé Technology propose également une application mobile. « Elle présente l’avantage d’être gratuite et de permettre tout aussi bien de suivre les patients par le biais de notre plate-forme d’assistance », précise Sylvie Manzano. Des liens informatiques avec l’automate de PDA évitent toute forme de ressaisie. Objectif PDA a fait pour sa part un choix différent en travaillant avec un « assisteur », la société Tulstall, capable, selon Tristan Zerbib, d’offrir des prestations adaptées au profil du patient. Quelle que soit la solution choisie, il est important pour les pharmaciens de songer à faire payer la prestation dans son ensemble, ce qui, selon Sylvie Manzano, commence à entrer dans les mœurs. Elle en veut pour preuve l’engagement de certains groupements qui font payer entre 4 et 8 euros le pilulier, une moyenne tout à fait acceptable pour les patients, estime-t-elle.
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