L’OFFENSIVE menée par Michel-Édouard Leclerc en 2008 pour obtenir le droit de vendre des médicaments aura durablement marqué le monde officinal. D’abord par une réaction épidermique généralisée qui a mis tous les pharmaciens d’accord. Mais surtout par la salve de communication anti-Leclerc qui a suivi. Certains groupements ont apprécié de pouvoir s’adresser directement au grand public pour expliquer la valeur ajoutée du pharmacien et les raisons de conserver le médicament dans le monopole officinal. Aujourd’hui, des groupements ont continué sur cette lancée à communiquer. Trois d’entre eux en particulier défient le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), dans l’espoir de voir évoluer les règles de la communication.
Giphar a ouvert le feu avec une campagne valorisant le conseil pharmaceutique, présente sur des radios nationales et locales, dans des quotidiens nationaux, sur son site Internet et dans les officines.
Quelques mois après, Lucien Bennatan, président de PHR, soumet une charte de bonne conduite en termes de communication, aux syndicats d’officines, au CNOP, au Collectif des groupements et autres groupements et enseignes. Sans réponse, PHR se lance dans une campagne de communication pour « créer la notoriété des marques enseignes Viadys et Pharmaréférence et créer le réflexe de préférence ». Au programme : radios, affichage, presse professionnelle et grand public.
Goutte d’eau.
Giphar, présidé par Brigitte Bouzige, reprend la main début juin 2009, avec une campagne vantant le conseil officinal à la radio et par voie d’affichage au plan national. C’est la goutte d’eau pour l’Ordre qui assigne le groupement en justice, en référé. En juillet, le CNOP est débouté de ses demandes en référé, le jugement sur le fond est toujours attendu. Pour Jean Parrot, encore président de l’Ordre en juin 2009, ces campagnes grand public sont « des chiffons rouges destinés à faire entrer des clients dans telle ou telle pharmacie ». Isabelle Adenot, nouvelle présidente du CNOP, annonce qu’elle combattra vigoureusement les formes de communication qui laissent à penser qu’il existe « des réseaux dans le réseau ». Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), est d’accord : « Communiquer autour d’un niveau de service différent dans certaines officines par rapport à d’autres, c’est prendre le risque de voir le réseau se déstructurer ». Au contraire, le président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) Claude Japhet revendique la communication des officines sur les prestations et services.
Début juillet, Pascal Louis, président du Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO), réclame une évolution de la réglementation. « Pourquoi la pharmacie d’officine serait-elle la dernière profession à ne pouvoir faire connaître son savoir-faire par l’intermédiaire de ses groupements professionnels ? »
Groupe de travail.
Il demande à l’Ordre une concertation sur le sujet. Un vœu repris par Giphar durant l’été, et entendu par Isabelle Adenot qui a organisé une réunion en décembre avec une quinzaine de groupements. Mais avant cela, l’Ordre assigne PHR en justice pour sa communication lancée en mars dernier, puis Plus Pharmacie, qui a lui aussi fait une campagne radio. Son président, Joseph-Philippe Benwaïche, souligne qu’un « système où tout le monde a le droit de communiquer sur la pharmacie », sauf les pharmaciens est inacceptable. Pour le président du groupe PHR, Lucien Bennatan, « ce n’est pas à la justice de trancher sur la façon dont la profession et les groupements peuvent communiquer ».
Lors de la réunion de concertation, un certain consensus s’est dégagé sur le principe de la communication institutionnelle et vers les patients. Isabelle Adenot reconnaît qu’avec la mise en place de la loi Hôpital Patients Santé Territoires (HPST), la profession doit communiquer. En revanche, la question de communiquer individuellement pour les groupements et les officinaux n’a pas été tranchée. Un groupe de travail est en cours de constitution pour y réfléchir, dont la prochaine réunion ne devrait plus tarder.
La période est donc à l’apaisement et la recherche de compromis. Ce qui n’empêche pas les groupements convaincus d’être dans leur bon droit, de continuer à communiquer. Début février, Giphar a remis le couvert avec sa campagne radio « Giphar, je sais pourquoi j’y vais ».
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