Le plaisir de l'exposition, sans les risques

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Le soleil n'est pas qu'un ennemi pour la peau. Nécessaire à la synthèse de la vitamine D, il colore joliment l'épiderme en été et offre à tous une dose de bien être à nulle autre pareille… Petite revue des éléments à connaître et des mesures à appliquer pour ne retenir que le meilleur de l'astre royal.

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Crédit photo : DR

♦ Le « capital soleil »

La mélanine, pigment naturel de la peau responsable du bronzage, est synthétisée par les mélanocytes après l’exposition au soleil afin de protéger la peau contre les dégâts des cellules induits par les UVB et les UVA. Le bronzage est donc un mécanisme d’adaptation physiologique. Le problème est que cette synthèse de mélanine est déclenchée justement par des « cassures » d’ADN (dimères de pyrimidine). L’ADN est plus ou moins rapidement réparé après l’action des UV mais il s’agit tout de même d’une agression cellulaire. Or, les mécanismes de réparation de la peau peuvent s’épuiser dans le temps et c'est pourquoi on parle de la nécessité de préserver son « capital soleil » à partir du plus jeune âge.

♦ Quels méfaits ?

À bien des égards, le soleil constitue une agression pour la peau. La radiation UV – UVA et UVB – a un effet délétère au niveau de l'ADN et des membranes des cellules cutanées. Ces petits traumatismes que subissent les noyaux des cellules sont tout de suite guéris mais, à long terme, les systèmes de réparation s'affaiblissent et peuvent devenir inefficaces, favorisant l'apparition de kératoses actiniques et de cancers cutanés (carcinomes, mélanomes). L'effet immunosuppresseur des UVA et UVB est une autre problématique dont les effets se traduisent après chaque exposition. Face à l'agression que représente le rayonnement solaire, les cellules de Langerhans, sentinelles chargées de combattre les intrus du tissu cutané, se mettent à migrer vers le derme ce qui a pour conséquence d'affaiblir une partie du dispositif immunitaire de l'épiderme. Enfin, le soleil possède un autre effet délétère qui se traduit par la destruction des fibres de collagène et d'élastine, ce qui constitue une des principales causes de la formation des rides et plus généralement du vieillissement de la peau.

♦ Quels bienfaits ?

La vitamine D est synthétisée au niveau de la peau suite à l’action des UVB mais quelques minutes d'exposition (des mains, des avant-bras) par semaine suffisent pour atteindre un taux satisfaisant (dans les conditions d’une alimentation équilibrée). On constate le plus souvent un déficit de vitamine D chez la femme ménopausée à peau mate ou noire (phototypes IV, V ou VI). Dans ce cas, on recommande un dosage de vitamine D circulante suivi par une éventuelle supplémentation des doses d’UV adaptée en fonction de son niveau sérique.

♦ Comment se préserver du soleil ?

Tout type de peau se protège du rayonnement de la même manière, par la synthèse de mélanine (bronzage) et l'épaississement de la couche cornée. Les peaux très claires (phototype I – roux – ou phototype II – blond clair) synthétisent moins de mélanine. Ils brûlent toujours, ne bronzent pratiquement jamais et sont très facilement sujets aux « coups de soleil », ce qui implique de se protéger constamment et de façon très efficace contre les UV. Une bonne protection contre le soleil impose d'utiliser tous les moyens à sa disposition : éviter au maximum l’exposition en restant à l'ombre, se protéger en portant des vêtements adaptés (chapeau, lunettes de soleil, tee-shirts anti-UV…), utiliser des crèmes solaires adaptées. Pour les enfants de plus de 4 ans et pour les adultes, il faut éviter de s'exposer entre 11 heures et 16 heures quand l’ensoleillement est très fort. Il est conseillé de préserver du soleil les enfants de moins de 4 ans qui doivent être protégés par tous les moyens - vestimentaires, cosmétiques, éviction - déjà évoqués.

♦ Quels indices de protection ?

Un produit solaire commercialisé dans la Communauté Européenne doit afficher la protection « globale » exprimée sur les étuis par le Facteur de Protection Solaire (FPS ou SPF) qui comporte 4 catégories de protection : Très haute protection (SPF50+), Haute protection (SPF30, SPF50), Protection moyenne (SPF15, SPF20, SPF25) et Protection faible (SPF6, SPF10). En conditions d’ensoleillement extrême – été, plage, haute montagne, tropiques - ainsi que pour les peaux les plus claires, les peaux sensibles, ayant des pigmentations ou autres types de problèmes susceptibles d'être aggravés par le soleil, les crèmes à très hauts indices sont les plus adaptées. Les peaux plus mates sans aucune pathologie peuvent utiliser des protections hautes ou moyennes. Les produits doivent être appliqués avant de s’exposer au soleil et l'application renouvelée toutes les 2 heures et après chaque bain de mer ou de piscine. Les produits de protection solaire (crèmes, laits, sprays, huiles ou autres formes galéniques) ne peuvent pas être commercialisés dans la Communauté Européenne si le ratio entre la protection globale SPF et la protection contre les UVA est supérieur à 3. Un ratio inférieur à 3 offre, en revanche, une protection bien équilibrée contre les UVB et les UVA. Par exemple, pour un SPF de 50, l’indice de protection anti-UVA ne peut être inférieur à 17.

♦ Quels filtres solaires ?

Il existe deux grandes classes de filtres, chimiques et minéraux. Les filtres chimiques (cinnamates, triazones, dibenzoylmethanes, Tinosorb M®, Tinosorb S® ...) offrent une protection large contre tous les types d’UV (UVB et/ou UVA). Ils protègent la peau par un mécanisme d’absorption les UV. Les filtres d’origine minérale (oxyde de zinc, dioxyde de titane) agissent comme un écran à la surface de la peau. Ils reflètent et diffractent les UV. Les crèmes à base de filtres minéraux sont indiquées notamment pour la protection UV des enfants et des personnes allergiques aux filtres chimiques.

♦ Pourquoi protéger ses yeux ?

Les rayons ultraviolets, la lumière visible et les infrarouges font partie de la radiation solaire. Toutes ces ondes peuvent dessécher les paupières, induire des rougeurs de l’œil, des dessèchements de la conjonctive et de la cornée, des affections rétiniennes et provoquer l’apparition prématurée de la cataracte.

Réalisé avec le concours de Toni Ionesco, praticien hospitalier à la Polyclinique de dermatologie de l'Hôpital Saint-Louis à Paris.

Anne-Sophie Pichard

Vitamine Prévention