Chiffres à l’appui, l’association NèreS avance qu’une utilisation systématique du pharmacien comme porte d’entrée au système de santé permettrait d’économiser plus de 91 millions de consultations chez le médecin. Soit plus de 16 jours de temps médical libéré chaque année par généraliste.
C’est peut-être l’enseignement le plus marquant du baromètre 2022 des produits de santé de premier recours (médicaments et dispositifs médicaux à prescription médicale facultative et compléments alimentaires) présenté par NèreS et le cabinet OpenHealth. Alors que ce marché gagne du terrain (+14,4 % en valeur en 2022) et qu’il représente 21 % des ventes en officine, une part non négligeable est issue de la prescription médicale. Mieux : environ 30 % des ordonnances des généralistes sont composées exclusivement de ces produits pour lesquels la prescription n’est pas nécessaire. À l’officine, leur dispensation sur prescription atteint les 303 millions d'actes (contre 353 millions sans ordonnance). Résultat : si les patients concernés par ces ordonnances de produits pour lesquels la prescription n’est pas requise s’étaient rendus directement en pharmacie, ce sont jusqu’à 91,4 millions de visites chez le médecin généraliste qui auraient pu être évitées chaque année.
Outre l’économie engendrée pour le système de santé, qui serait d’environ 338 millions d’euros, c’est surtout sur l’amélioration de l’accès aux soins que Vincent Cotard, président de NèreS, insiste. Faire de l’officine la porte d’entrée du parcours de soins pour les maux du quotidien tout en dotant le pharmacien d’outils élargis – notamment grâce au délistage – est une « solution immédiatement opérationnelle » pour lutter contre les déserts médicaux. Et pour répondre aux « 3,5 millions de Français qui ont renoncé à se soigner en 2022 », ajoute Luc Besançon, délégué général de NèreS.
Deuxième axe de lutte de NèreS : faire du pharmacien le référent prévention des Français, en s’appuyant sur son expertise, sa disponibilité et, là encore, sur une large gamme de produits. Pour y parvenir, l’association propose aux pouvoirs publics de lancer une expérimentation du pharmacien référent prévention dans des territoires aux particularités géographiques et démographiques différentes, sur des thématiques définies et avec le soutien des pouvoirs publics et des agences régionales de santé (ARS).
Une proposition qui s’appuie notamment sur la grande disponibilité horaire des pharmacies et leur participation active à la permanence des soins, ainsi que sur leur maillage territorial. Preuve en est : sur les 353 millions de dispensations de produits de premiers recours sans ordonnance réalisées l’an dernier, 61 millions ont eu lieu en dehors des heures de bureau (avant 9 heures et après 18 heures) et 33 millions pendant la pause déjeuner. Et parmi ces produits de premiers recours, ceux relevant de la prévention prennent chaque année plus d’importance : leur part de marché est passée de 34 % en 2017 à 40,2 % en 2022, le curatif baissant sur la même période de 66 % à 59,8 %. Le pharmacien référent prévention répondrait ainsi aux aspirations des Français.
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