Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), 10 % des pharmaciens titulaires sont prêts à vacciner le dimanche. Un nombre probablement en deçà des espérances du gouvernement. Mais dans la situation actuelle, et à défaut de régler la question de la disponibilité des vaccins et du plafonnement des actes, l'accélération de la campagne risque d'être un échec cuisant.
Le vaccin Pfizer contingenté
Deux flacons de Pfizer par semaine et par pharmacie, c'est tout ce à quoi les pharmaciens ont droit cette semaine. L'équivalent de 14 vaccinations, bien insuffisant dans le contexte actuel. Ce retour du contingentement, qui avait été levé début octobre, est mal vécu par la profession au moment où la campagne s'accélère. Le reste des approvisionnements sera assuré en vaccins Moderna qui, rappelons-le, est réservé aux 30 ans et plus. Après une suspension et une remise à disposition en demi-dose pour le rappel vaccinal, la défiance concernant Moderna n'est pas encore retombée malgré la multiplication des messages des autorités sanitaires. Titulaires et adjoints doivent donc redoubler de pédagogie au comptoir pour convaincre leurs patients de se faire vacciner avec du Moderna.
Un délai de livraison à revoir
Alors qu'elles vaccinent à tour de bras, certaines pharmacies n'ont pas suffisamment de doses en stock pour répondre à la demande. Le problème ? Le système de commande mis en place par le gouvernement exige un délai d'une dizaine de jours entre la réservation et la livraison (voir ci-dessous). Si les vaccinateurs en ville s'en accommodaient jusqu'alors, l'accélération de la campagne les a pris de court. Impossible en effet d'adapter son stock dès les annonces gouvernementales, que ce soit pour l'élargissement de la dose de rappel à tous les adultes ou pour l'ouverture de la vaccination le dimanche dans les pharmacies volontaires. Certaines étaient bien volontaires mais, faute de doses en quantité suffisante, elles n'ont pu vacciner dimanche dernier.
Une profession au bord du burn-out
La profession fait face à la multiplication des tâches exceptionnelles. La réalisation des tests antigéniques, puis la vaccination contre le Covid-19, suivie de la campagne annuelle de vaccination contre la grippe (en progression en pharmacie cette année) n'en sont que quelques exemples. Les pharmaciens sont extrêmement sollicités depuis le début de la crise et fatigués physiquement comme moralement. Or la dynamique actuelle n'est pas près de retomber. En sus des rendez-vous vaccinaux qui sont pris d'assaut, il y a fort à parier que les demandes en tests antigéniques vont encore grimper à l'approche des fêtes. C'est ce que laisse présager la recommandation du président du Conseil scientifique Covid-19, Jean-François Delfraissy, qui appelle les Français à se faire tester la veille ou le jour même des retrouvailles familiales et amicales de fin d'année.
Des difficultés à recruter
Entre départs de collaborateurs épuisés et fortes difficultés à recruter, de nombreuses officines souffrent d'un cruel manque de personnel. Le recrutement est d'autant plus nécessaire qu'il s'agit de déployer les nouvelles missions et l'ouverture du dimanche. Hélas, la pharmacie, comme nombre d'autres secteurs, déplore le manque de candidats. Ce qui permet aux rares postulants de faire valoir quelque exigence salariale. D'autant que la pharmacie est confrontée à la concurrence des centres de vaccination, qui offrent une rémunération plus généreuse (212 euros par demi-journée).
Une compensation financière insuffisante
Pour les pharmacies, le gouvernement prévoit une majoration de 5 euros par vaccin réalisé le dimanche. Cette rémunération, largement inférieure à celle offerte par les centres de vaccination, ne suffit pas à motiver les diplômés à vacciner le dimanche à l'officine. Certains estiment même qu'elle est potentiellement trop faible pour couvrir les frais d'ouverture pendant une journée entière. Pour motiver les équipes à travailler pendant leur seul jour de repos, la compensation financière devra être augmentée. D’autant que les pharmacies volontaires peuvent uniquement vacciner, dépister ou délivrer des antalgiques de niveau 1. Les activités d'officine « régulières » restent réservées aux pharmacies de garde.
Lever le plafonnement
Les inscriptions sur la plateforme Vaccins Covid sont plafonnées à 1 111 injections par mois et par pharmacie. Une aberration, selon les syndicats de pharmaciens, au moment où les confrères sont incités à vacciner le dimanche et à augmenter la cadence pour le rappel. Or, soulignent-ils, certaines grosses pharmacies peuvent vacciner plusieurs centaines de personnes par jour, et des officines plus modestes sont susceptibles de dépasser ce nombre en un mois. Au vu des ambitions du gouvernement - 20 millions de doses de rappel injectées d'ici à Noël - ce plafond doit être relevé, au risque de démobiliser les pharmacies volontaires.
Voir également en page 6 notre enquête « Les pharmaciens face aux pressions politique et médiatique ».
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