EN 2010, les résultats économiques de l’officine, s’ils n’ont pas été catastrophiques, n’ont pas été très bons pour autant. Ainsi, malgré une compression des charges due principalement à la non-revalorisation des salaires du personnel, malgré une très légère progression de la marge commerciale et, au total, un résultat net moyen en faible augmentation par rapport à 2009, c’est la baisse de l’activité qui ne laisse pas d’inquiéter.
L’analyse de 1 053 bilans clôturés l’an dernier fait en effet apparaître un chiffre d’affaires moyen qui s’établit à 1 544 000 euros, au lieu de 1 547 000 euros en 2009, soit un recul de 0,19 %. Le chiffre d’affaires médian, lui, s’élève à 1 500 000 euros. « Il faut remarquer aussi que 10,6 % des officines ont un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 800 000 euros et que, à l’inverse, 25,1 % d’entre elles ont un CA supérieur à 2 000 000 d’euros », observe Philippe Besset.
Attention aussi : en 2010, le chiffre d’affaires ne progresse pas du tout de la même façon pour toutes les officines. « Ainsi, 41 % des pharmacies ont connu une évolution négative de leur activité, 41 % également ont connu une évolution comprise entre 0 et 6 %, et 17,6 % des officines ont vu leur activité croître de plus de 6 % », poursuit Philippe Besset.
La marge commerciale, quant à elle, stagne ou progresse très peu. En pourcentage du chiffre d’affaires, elle augmente de 0,07 % par rapport à 2010, et s’élève en moyenne à 422 000 euros en 2010, soit donc quasiment le même montant qu’en 2009 (421 000 euros). Mais comme pour le chiffre d’affaires, les résultats sont très dispersés, selon la typologie des pharmacies en l’occurrence. Par exemple, la marge moyenne des officines de centre-ville est de 27,9 %, alors qu’elle n’est que de 26,8 % en banlieue. En centre commercial, elle est de 28 %, en périphérie des bourgs ruraux, de 27,5 % seulement… « Par rapport au chiffre d’affaires, il faut souligner aussi que les pharmacies les plus importantes sont celles qui ont le meilleur taux de marge », indique le responsable de la commission économique de la FSPF.
Revenus en stagnation.
En revanche, les salaires et charges et les cotisations de l’exploitant ont été plutôt bien maintenus en 2010, puisqu’ils ne progressent que de 1,51 %, avec un montant moyen de 228 euros par officine. C’est cette limitation des charges de personnel qui, pour l’essentiel, explique le bon score du résultat net moyen par officine, qui progresse de 4,13 % (soit un montant de 133 000 euros par officine). Ce même résultat, par pharmacien, s’élève à 90 000 euros en 2010. « Mais attention, depuis 2001, le pouvoir d’achat a diminué en moyenne de 25 % pour chaque confrère », fait remarquer Philippe Besset.
Au total, la dégradation des revenus a donc été en partie stoppée en 2010, car l’année 2009, de ce point de vue, avait été franchement mauvaise. Mais si l’on remonte plusieurs années en arrière, on s’aperçoit que le résultat dégagé par chaque pharmacien s’élevait, par exemple, à 102 000 euros en 2004, à 94 000 euros en 2006, ou même encore à 91 000 euros en 2008. Par rapport, notamment, à la valeur du point en officine, les revenus des pharmaciens sont donc orientés à la baisse.
Autre point à noter : la taxe professionnelle, remplacée désormais par la contribution économique territoriale, a baissé de près de 31 % en 2010, allégeant d’autant la trésorerie des officines et améliorant quelque peu leurs comptes.
En termes de résultat courant avant impôt, enfin, on s’aperçoit que le montant médian est légèrement supérieur à 70 000 euros. « Mais, insiste Philippe Besset, 19 % des officinaux ont un revenu inférieur à 30 000 euros, et 40 % d’entre eux ont un revenu inférieur au salaire net d’un pharmacien gérant. » Si l’on ajoute à ce constat que le taux de retour sur investissement d’une officine, aujourd’hui, est de 3,78 % seulement, alors qu’il était de 7,99 % en 2001, on peut dire qu’investir dans une pharmacie libérale n’est désormais ni plus très rentable, ni très rémunérateur…
››› En illustration de cet article :
- tableau de la page 36 (avec ce titre : Les principaux ratios de l’officine en 2010)
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