L'acné touche 80 % des ados (dont 15 % d'acné sévère) et près de 25 % des adultes, notamment des femmes de 35-40 ans, avec un retentissement particulièrement important sur la qualité de vie.
Cette dermatose chronique prédomine au niveau du visage (95 %), du dos (70 %), du cou et de la partie antérieure du thorax (15 %). C'est une maladie dite auto-inflammatoire, qui associe des modifications du fonctionnement normal de la peau et une infection par une bactérie, Propionibacterium acnes (maladie du follicule pilo-sébacé).
Des lésions d'intensité variable
Une peau grasse, ou hyperséborrhée, accompagne toujours l'acné dont l'intensité est variable d'un adolescent à l'autre, allant de formes minimes à des formes beaucoup plus importantes, invalidantes et difficiles à traiter. Lors d'une première consultation, il importe de déterminer à quel stade le patient se situe : grades 1 à 5 du GEA (cf. encadré)
Comme le souligne le Pr Marie-Sylvie Doutre (service de dermatologie, CHU de Bordeaux), « le diagnostic de l'acné est essentiellement clinique, avec cinq lésions élémentaires (comédons, microkystes, papules, pustules, cicatrices). Ces lésions sont souvent intriquées du fait de l'évolution de l'acné par poussées ».
Les lésions élémentaires sont de type rétentionnel (follicules pilo-sébacés distendus, comédons, microkystes), inflammatoires superficielles (papules et pustules) et profondes (nodules).
Les lésions séquellaires d'acné peuvent être des marques temporaires (taches rouges, brunes), des cicatrices atrophiques définitives.
« À noter la particularité de l'acné sur les peaux noires, avec des lésions pigmentées laissant penser à des cicatrices pigmentaires alors que ce sont en fait des lésions actives d'acné qui doivent être traitées », indique le Pr M-S Doutre.
Diagnostic différentiel
Certaines affections peuvent ressembler et être confondues avec l'acné, « mais de façon générale, précise le Pr M-S Doutre, il est exceptionnel d'avoir un problème diagnostique si on analyse bien les lésions séméiologiques » :
> la rosacée touche l'adulte, avec des papules et des pustules, mais pas de microkystes ni de comédons, sur un fond de rougeurs (couperose, érythrose) et parfois de bouffées de chaleur ;
> les folliculites avec de multiples papules et pustules – conséquences d'une infection superficielle de l'orifice du poil – situées autour de la bouche (dermite péri-orale) ;
> les pseudo-folliculites de la barbe, fréquentes chez les sujets à peau colorée ;
> l'élastolyse à kystes et à comédons, qui survient chez les adultes ayant été trop exposés au soleil, avec microkystes et points noirs autour des yeux ;
> l'hydrosadénite (maladie de Verneuil), affection chronique et invalidante, avec formation de nodules rouges et douloureux au niveau de l'aine, des aisselles et sous les fesses.
Le Pr M-S Doutre ajoute que « des éruptions dites acnéiformes, mais qui ne sont pas vraiment une acné, peuvent être dues à la prise de nouvelles molécules anticancéreuses, notamment les anti-EGF (Epidermal Growth Factor) utilisés dans les cancers ORL ou coliques ».
Enfin, il est important de prévenir les patients que l'acné est une dermatose qui évolue le plus souvent longtemps, de plusieurs mois à plusieurs années, et nécessite donc un suivi à long terme.
Dr Martine ANDRE
d'après un entretien avec le Pr Marie-Sylvie Doutre, service de dermatologie, Hôpital Saint-André, CHU de Bordeaux
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