LE PHARMACIEN d’officine, avec le médecin généraliste, est souvent le premier maillon de la chaîne de professionnels de santé. Il doit savoir évaluer rapidement la gravité d’un trouble afin d’orienter si nécessaire vers le médecin traitant ou vers une consultation spécialisée. Quelle que soit la stratégie adoptée par le pharmacien, celle-ci doit être expliquée aux parents afin de les rassurer. En pédiatrie, le dialogue est essentiel.
La douleur.
Le traitement de la douleur en pédiatrie est une priorité. À l’officine, l’objectif est de soulager les douleurs légères, de promouvoir le bon usage des médicaments antalgiques, et d’informer les parents sur les solutions qui existent afin de prévenir la douleur (en prévision de gestes invasifs notamment). L’évaluation de la douleur est un préalable à la stratégie à mettre en œuvre. L’échelle d’hétéroévaluation EVENDOL peut éventuellement être utilisée, même si cet outil a d’abord été élaboré pour les services hospitaliers d’urgences.
Chez le nourrisson, les maladies infectieuses inflammatoires (angine ou otite) constituent des situations douloureuses fréquemment observées en ville. Les antalgiques de palier 1 (paracétamol et ibuprofène) sont recommandés en première intention.
Pour prévenir les douleurs liées aux vaccinations ou aux prises de sang, l’AFSSAPS recommande l’administration orale de solutions sucrées (24 à 30 % de saccharose ou 30 % de glucose), en association à la succion d’une tétine (Pacidol). Les patchs ou crème à base de lidocaïne et prilocaïne sont également une alternative intéressante, mais nécessite une prescription. Pour soulager les maux auxquels sont exposés les nourrissons et qui peuvent altérer la qualité de vie de ces derniers (poussées dentaires, aphtes), le pharmacien dispose de solutions diverses (Dolodent, Gel Delabarre, Hyalugel, Camilia).
Pour rassurer les parents et les enfants, le pharmacien peut mettre à leur disposition diverses brochures explicatives (« Si mon enfant a mal », association Sparadrap). Des formations sont également proposées aux pharmaciens (« Soulager la douleur de l’enfant : une priorité », association Sparadrap).
L’insomnie du nourrisson.
On distingue les troubles de l’endormissement et les troubles du maintien du sommeil (éveils nocturnes, cauchemars). La prise en charge de ce trouble vise à limiter le retentissement sur la vie quotidienne de l’enfant (somnolence diurne, difficultés d’apprentissage) comme des parents (fatigue, irritabilité), et de prévenir un passage à la chronicité. Des conseils d’hygiène de vie (rituel du coucher, doudou, veilleuse) sont recommandés en première intention, en tenant compte du contexte familial ou culturel. Le pharmacien propose aux parents d’établir un agenda du sommeil, sur 1 à 2 semaines. Chez les jeunes parents, il faut rappeler que les pleurs du nourrisson au coucher ne sont pas liés à un inconfort. En cas de réveils nocturnes, il faut encourager l’enfant à se rendormir seul et ne pas intervenir systématiquement. Si le traitement comportemental n’est pas efficace ou si une cause organique est suspectée (RGO), le pharmacien oriente les parents vers le pédiatre.
Le reflux gastro-œsophagien (RGO).
Le RGO non compliqué est un trouble physiologique, qui disparaît généralement lorsque l’enfant commence à marcher. À l’officine, l’objectif est de diminuer le reflux et de prévenir les complications. La prise en charge repose principalement sur les mesures hygiénodiététiques, à expliquer aux parents (fractionnement des tétées pour diminuer le volume, surélévation de la tête en position allongée, utilisation de tétines adaptées). Des farines ou des laits pré-épaissis (laits antirégurgitations) sont conseillés. Une consultation médicale est nécessaire en cas de refus de s’alimenter ou d’une perte de poids, de pleurs anormaux, de troubles digestifs sévères (vomissements) ou d’une gêne respiratoire chronique.
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