La dengue est transmise par la piqûre de moustiques du genre Aedes, comme la fièvre Zika. Le plus souvent A. ægypti, mais aussi A. albopictus (« moustique tigre »), présent notamment en France continentale et A. polynesiensis. Quant aux vecteurs du Chikungunya, ils sont identiques à ceux de la dengue ; ces mêmes moustiques assurant la transmission de la fièvre jaune, une autre arbovirose.
L’encéphalite japonaise, quant à elle, est transmise par un moustique du genre Culex, tout comme la fièvre du Nil occidental. Le paludisme est typiquement transmis par la piqûre des moustiques anophèles femelles. Des mouches et moucherons sont vecteurs de la loase (une filariose), de l’onchocercose (simulies), de la maladie du sommeil ou trypanosomiase africaine (mouche tsé-tsé), de la leishmaniose (phlébotomes)…
Dans un autre ordre d’idée, les morsures de tiques peuvent transmettre de nombreuses maladies : maladie de Lyme, méningo-encéphalite à tiques, fièvre hémorragique de Crimée-Congo, fièvre récurrente à tiques, fièvre Q, fièvres boutonneuses à tiques, babésiose, ehrlichiose… Avec autant de vecteurs que de maladies potentiellement transmises, on comprend tout l’intérêt d’une lutte antivectorielle bien menée.
D’abord bien connaître l’ennemi !
Les insectes vecteurs et les tiques vivent dans des milieux bien définis. Se tenir à l’écart de ces lieux limite donc le risque de contamination : zones forestières pour la trypanosomiase, la loase et l’onchocercose, herbages pour les tiques…
Quant aux moustiques, chaque espèce a son horaire de piqûre de prédilection ; de plus, contrairement à ce que l’on pourrait penser, toutes les piqûres de moustiques ne sont pas douloureuses et près de la moitié se réalise à travers les vêtements (d’où l’importance de pulvériser un répulsif sur les vêtements).
C’est en associant plusieurs moyens qu’on a le plus de chance de tenir les espèces concernées à distance.
Paramètres à prendre en compte
La protection antivectorielle individuelle doit être adaptée en fonction des facteurs suivants :
- Age ou état de la personne : nourrisson avant l’âge de la marche, enfant, personne âgée, femme enceinte ou allaitante…
- Durée du séjour : court, long, fixe.
- Type de séjour : bivouac à l’extérieur, habitation, hôtel.
- Type de transmission : nocturne (anophèles, culex, phlébotomes), diurne (Aedes) ou permanente (tiques).
- Situation épidémique en cours.
Protection physique
La protection physique demeure indispensable. On conseille le port de vêtements amples couvrant bras et jambes (pantalons et chaussures fermés) ; contre les tiques, il est prudent d’enfiler le bas du pantalon dans les chaussettes. En privilégiant les couleurs claires, les foncées attirant plutôt les moustiques car émettant plus de chaleur.
L’utilisation d’une moustiquaire est essentielle si le lieu de résidence ne dispose pas de moyens permettant de se protéger contre les moustiques. Il est très fortement recommandé de les imprégner avec un insecticide pyréthrinoïde de synthèse.
Insecticides et répulsifs
La recherche de l’hôte par les moustiques femelles, principaux vecteurs d’agents pathogènes, est initiée par tous les comportements associés à la prise d’un repas sanguin. Les moustiques sont sensibles à des stimuli visuels, thermiques et olfactifs émis par l’hôte. Lorsque le moustique est à proximité de l’hôte, les stimuli visuels et thermiques jouent un rôle dans l’activation et l’orientation du moustique. Quant aux stimuli olfactifs, les études ont montré le rôle de récepteurs sensoriels localisés au niveau des antennes des moustiques. Divers chimio attracteurs des moustiques ont été mis en évidence. L’acide lactique et surtout le dioxyde de carbone - l’un des plus importants chimio attracteurs émis lors de la perspiration humaine - et des odeurs corporelles, attirent particulièrement les moustiques Aedes.
Ces derniers sont également attirés par les acides carboxyliques, l’ammoniac et d’autres composés présents dans la sueur humaine. Récemment, il a été démontré que le linalol aurait des propriétés à la fois attractives et répulsives. Dans la plupart des cas, la combinaison de chimio attracteurs augmente considérablement la réponse comportementale d’orientation des moustiques vers l’hôte, alors que certains chimio attracteurs seuls ne provoqueraient aucune réponse ou des réponses très faibles C’est ainsi que l’acide lactique produit par le métabolisme humain n’engendre pas de réponse attractive pour Anopheles gambiae s’il est présenté seul mais cette réponse augmente significativement à partir d’un mélange acide lactique/dioxyde de carbone. Tandis que le mélange acide lactique/octénol est une composition plus attractive pour Aedes albopictus que l’octénol ou l’acide lactique seul.
Les répulsifs synthétiques ont été développés initialement pour la protection des troupes américaines. Les premiers dérivés ont été commercialisés dans les années 1920 à 1940.
Depuis 2009, la réglementation européenne des produits « biocides » intègre désormais les répulsifs synthétiques dont l’exploitation nécessite dès lors une AMM.
Les insecticides (comme les répulsifs, ils sont également efficaces contre les tiques), comme leur nom l’indique, tuent les insectes, mais peuvent avoir également un effet répulsif. Il s’agit de la deltaméthrine et de la perméthrine ; utilisés sur les vêtements, les tissus et les moustiquaires (ne jamais les appliquer sur la peau).
Les répulsifs peuvent être appliqués ou vaporisés sur la peau, sur des vêtements ou sur une moustiquaire.
Les répulsifs de synthèse sont représentés par l’IR3535 (aminopropionate), le DEET (diéthyltoluamide), le KBR 3023 (picardine).
Certains produits naturels (les anciens Égyptiens utilisaient déjà certains d’entre eux) sont reconnus officiellement efficaces ; le principal est représenté par le citrodiol (p-menthane-3, 8-diol), présent dans l’huile essentielle extraite des feuilles d’Eucalyptus citriodora (un arbre originaire d’Australie). Citons, par exemple, la gamme Anti-pique de Puressentiel, qui revendique une durée d’action de 6,5 à 7 heures.
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