POUR RÉDUIRE les proportions de bêta-lactoglobuline (BLG, une protéine du petit-lait) dans le lait de vache, on utilise classiquement des formules hypoallergéniques. Cette solution n’est pas idéale, ce qui a conduit à des tentatives de réduction de la BLG au travers de la répression de son gène ou, alternativement, du processus d’interférence ARN (ARNi). L’ARNi est un mécanisme d’inactivation épigénétique post-transcriptionnelle où deux types d’ARN ont un rôle clé : le miARN et le siARN (petit ARN interférent). L’avantage d’une manipulation génétique à l’étage de l’ARNi est qu’elle est moins complexe que le knocking-out du gène de la BLG.
L’équipe de G. Laible a présélectionné, in vitro, dix miARN ciblant des séquences homologues au sein des régions codantes de la BLG ovine ou bovine. Le tandem miARN 6-4 s’est distingué comme le plus efficace pour inhiber la BLG. Son évaluation chez la souris a clairement confirmé cet effet : l’expression de la BLG est réduite de 96 ± 2 % chez les souris à double transgène BLG/miARN. En outre, cette action se maintient dans le temps (à 5, 10 et 15 jours).
Cinq gestations ont été obtenues.
Les auteurs sont alors passés à l’étape suivante : l’évaluation de cette stratégie chez le veau transgénique. Des fibroblastes bovins fœtaux, transfectés avec une cassette d’expression du tandem miARN 6-4, ont été utilisés pour l’induction du transfert nucléaire. Une des cinq gestations obtenues a conduit à la naissance d’un veau femelle exprimant miARN 6-4 sans anomalies phénotypiques en dehors de l’absence de queue. Une lactation a été induite, au moyen d’hormones, chez l’animal transgénique. Son lait ne contenait pas de quantité détectable de BGL, mais renfermait, en revanche, des concentrations accrues de caséine α αet ß (d’un facteur deux). Au total le rapport petit-lait/caséine était réduit de 21/79, en moyenne, dans des échantillons prélevés chez les contrôles, à 4/96 chez l’animal transgénique.
Les néo-zélandais ont cherché à élucider le mécanisme d’obtention de ces résultats remarquables. La répression génétique au travers du processus d’interférence ARN résulte d’une dégradation de l’ARNm (ARN messager) ou d’une action sur la traduction génétique. Dans le cas présent, une importante dégradation de l’ARNm a été observée au niveau des transcrits de BLG dans l’étude chez les souris, ce qui n’exclut pas un rôle déclencheur de la répression de la traduction dans la production d’ARNm instables.
L’absence de queue.
L’absence de queue chez le veau transgénique doit-elle être attribuée à la manipulation génétique ? Les auteurs ne le pensent pas, estimant qu’une mutation à l’origine de la malformation était déjà présente au niveau des cellules donneuses. Cela reste toutefois à vérifier, au moyen d’une analyse plus approfondie des cellules du veau transgénique.
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