L’incidence globale des cancers colorectaux a baissé aux États-Unis depuis le milieu des années 1980 notamment au cours de ces dernières années, grâce au dépistage. Des données récentes suggèrent que chez les moins de 50 ans chez qui le dépistage n’est pas recommandé, l’incidence augmente.
Une étude publiée dans le « Journal of the national Cancer Institute » le confirme. Rebecca Siegel et col. ont conduit une étude rétrospective incluant tous les patients de 20 ans et plus ayant eu un diagnostic de cancer colorectal invasif entre 1794 et 2013. Les résulatst montrent qu’un tiers des cancers du côlon et des cancers rectaux sont diagnostiqués chez des patients de moins de 55 ans.
Une étude sur près de 500 000 cas
Dans cette étude, l’équipe de Rebecca Siegel, directrice des services d’information et de surveillance du département de recherche de la société américaine de cancérologie, a utilisé une « modélisation de cohorte par période d’âge » appliquée à une cohorte de plus de 490 000 cas assemblés à partir des données de 9 registres.
Selon cette modélisation, le risque de développer un cancer du côlon entre 2012 et 2013 chez les patients âgés de 50 à 54 ans, n’est inférieur que de 12,4 % à celui des patients de 55 à 59 ans. Ce risque était moitié moins important dans les années 1990. En ce qui concerne le risque de développer un cancer rectal sur cette même période, il est identique chez les patients de 50 à 54 ans et chez ceux de 55 à 59 ans. En 2013, il y a eu 10 400 nouveaux cas de cancers colorectaux chez des patients américains quadragénaires et 12 800 cas chez des quinquagénaires.
Un risque digne du XIXe siècle
Chez les adultes de 20 à 39 ans, l’incidence du cancer du côlon a diminué entre 1974 et la moitié des années 1980, puis a augmenté de 1 à 2 % jusqu’en 2013. Chez les adultes de 40 à 54 ans, l’incidence du cancer du côlon a augmenté de 0,5 à 1 % par an entre la moitié des années 1990 et 2013. Cette augmentation est encore plus sensible en ce qui concerne le cancer du rectum, avec une hausse de 3,1 % par an entre 1974 et 2013 chez les adultes de 20 à 29 ans et de 2 % par an entre les années 1990 et 2013 chez adultes entre 40 et 54 ans.
« Nos résultats indiquent que le risque de cancer colorectal des «millennials» est revenu au niveau de ceux qui sont nés à la fin du XIXe siècle », détaille Rebecca Siegel, qui qualifie cette situation de « très triste ». Les auteurs estiment que des campagnes d’information doivent être menées pour alerter les médecins et le grand public afin de réduire le délai avant le diagnostic. Ils ajoutent que l’âge minimum pour débuter le dépistage du cancer colorectal, fixé à 50 ans dans les recommandations françaises et américaines devrait être reconsidéré.
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