Une minorité de fumeur parvient à une abstinence permanente dès la première tentative. Cependant, même si l’objectif d’arrêt total n’est pas atteint, une tentative ne doit pas être considérée comme un échec mais comme une étape. Le discours du pharmacien sera différent selon qu’il s’adresse à un fumeur motivé, ayant exprimé son désir d’arrêter de fumer, ou à un fumeur non-demandeur. Dans ce dernier cas, la délivrance d’un traitement peut être l’occasion d’un conseil minimal, pour rappeler les bénéfices liés à l’arrêt du tabac, et lui indiquer les moyens qui s’offrent à lui pour l’aider dans cette démarche.
La motivation est essentielle dans le sevrage tabagique, comme le soulignent les auteurs des recommandations de l’AFSSAPS : « rien n’est possible si le sujet n’est pas réellement motivé pour une tentative d’arrêt du tabac ». Dans un premier temps, le pharmacien veillera à évaluer cette motivation, à la soutenir et à l’encourager.
Évaluer la dépendance physique.
Pour évaluer la dépendance à la nicotine et définir la stratégie thérapeutique la plus adaptée, le test de Fagerström est recommandé (voir encadré). Le pharmacien pourra reprendre point par point les items de ce test avec son patient, afin d’éviter une sous-évaluation ou une mauvaise compréhension.
À la première question, le patient doit répondre en tenant compte de son envie de fumer dès le réveil. À la question 3, le patient doit indiquer la cigarette la plus indispensable, en ne confondant pas avec celle qui lui procure le plus de plaisir. Dans la question 4, le pharmacien doit préciser au fumeur de tabac à rouler qu’un paquet de 40 g correspond environ à 80 cigarettes industrielles.
Abstinence totale ou sevrage progressif.
D’une manière générale et sauf cas extrême (grossesse, cancer), le fumeur a le temps pour arriver à un arrêt total du tabac. Deux stratégies se dessinent aujourd’hui : l’arrêt total du tabac, ou l’arrêt progressif se traduisant par une diminution de la consommation.
L’entretien à l’officine.
L’accompagnement d’un sevrage tabagique demande un investissement du professionnel de santé, et un suivi régulier au cours des premières semaines. À l’officine, il est nécessaire de prévoir un lieu confidentiel pour recevoir le fumeur demandeur. Au cours de ces entretiens, des conseils pratiques seront apportés, pour aider le fumeur à vivre le plus confortablement possible l’abstinence au quotidien. L’objectif de ces conseils est d’amener le patient à modifier ses habitudes (nettoyer sa voiture, retirer les cendriers), son comportement (répertorier les facteurs déclenchants, différencier les cigarettes plaisirs et les cigarettes besoins…), et de gérer ses émotions (avoir le soutien d’un proche) sans avoir recours au tabac. Le discours doit être positif !
Prévenir la prise de poids.
La prise de poids n’est pas une fatalité. Quelques règles diététiques sont à rappeler, comme boire beaucoup d’eau ou manger des fruits. Pour éviter le grignotage (un effet indésirable du sevrage tabagique), un fractionnement des repas peut être conseillé. L’activité physique peut limiter cette prise de poids. Dans certains cas, le pharmacien doit jouer la carte de la pluridisciplinarité, et orienter son patient vers des professionnels spécialisés (diététicien, nutritionniste).
Les cas particuliers.
Les femmes enceintes ou les patients présentant un trouble psychiatrique, une coaddiction (alcool, cannabis) ou des antécédents de dépression doivent être orientés vers une prise en charge médicale. L’état psychique du patient doit être stabilisé avant d’envisager un sevrage tabagique.
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