Une trentaine de pharmaciens de la Somme devaient participer à une opération de dépistage en officine des maladies rénales chroniques (MRC). Une première réunion d'information et de formation a eu lieu à la faculté de pharmacie d'Amiens, le 28 mars (voir « le Quotidien du pharmacien » du 6 avril), et le dépistage a commencé le 3 avril et durera jusqu'au 30 juin.
« Les gens nous demandent spontanément pourquoi nous avons collé les affichettes de présentation de ces maladies sur nos comptoirs et l'explication de la campagne, explique Arthur Laudren, adjoint à la pharmacie de Dury. Ils posent des questions, ce qui démarre souvent l'entretien. »
Dépistage précoce
Néphronor, le réseau créé par le CHRU de Lille (Nord), est à l'origine de l'initiative avec l'URPS pharmaciens des Hauts de France, et la Fédération nationale d'aide aux insuffisants rénaux (FNAIR). Quatre critères de « repérage » des patients éventuellement à dépister ont été définis : l'hypertension, l'âge (plus de 60 ans), le diabète, l'obésité. On tient compte aussi du fait que des parents seraient malades de ces symptômes.
La région présente la part la plus importante de patients dialysés qu'un dépistage précoce aurait pu éviter, a assuré le Dr Dimitri Titeca Beauport, néphrologue au CHU d'Amiens. Ce médecin a présenté aux pharmaciens le rein, son fonctionnement et ses dysfonctionnements. Il a aussi insisté sur le nombre de nouveaux patients, 10 000 par an, en progression de 2 %. Pour beaucoup, a-t-il expliqué, la maladie est connue trop tard, nécessitant une dialyse ou une greffe.
« C'est une maladie silencieuse, asymptomatique, commente Arthur Laudren. L'insuffisance rénale est insidieuse, mais quand la maladie est déclarée, il est trop tard. Beaucoup de personnes non dépistées ne se savent pas hypertendues, sujettes au diabète. Lorsque ces personnes ont un suivi pour une de ces raisons, je le sais par leur dossier pharmaceutique (DP), et je peux parler avec elles, mais ce n'est pas le cas de tous. »
Dans cette officine, on propose facilement aux patients une prise de tension, « gratuite, et avec un brassard, comme chez le médecin ». Mais, observe le pharmacien, les patients savent rarement si leurs parents sont sujets à une maladie, encore moins quand les parents eux-mêmes ne sont pas dépistés.
Dix dépistages par officine
La pharmacie de Dury a contacté vingt patients en dix semaines, la plupart « éliminés » dès les premières questions, parce que déjà suivis. Mais six patients ont été dépistés de façon complète, et les tests se sont avérés négatifs. Le principal test repose une bandelette urinaire ; en cas de suspicion avérée, le pharmacien envoie un courrier au médecin traitant pour l'en aviser, la première visite pouvant éventuellement être suivie d'autres. L'objectif de l'opération est de faire faire dix dépistages dans chaque officine participante.
« La plupart des patients viennent vers nous, et nous interrogent, relève Arthur Laudren, lui-même fils d'un médecin généraliste d'Amiens. Le but n'est pas de nous substituer au médecin, et l'URPS a travaillé en ce sens. Il est intéressant pour un pharmacien d'aider à orienter, mais nous ne donnons pas de diagnostic. Comme professionnel de santé, on voit bien les choses évoluer vers des discussions collégiales avec les autres professionnels. Nous mettons nos connaissances en rapport, dans l'intérêt du patient. »
Les recommandations de la HAS
Grégory Tempremant, président de l'URPS pharmaciens, et le Dr François Glowacki, néphrologue et coordinateur du réseau, ont écrit aux médecins généralistes du département pour leur présenter le dispositif du dépistage, les assurant que celui-ci vise à orienter vers eux, médecins traitants, des patients nouvellement dépistés.
L'URPS a organisé sept opérations de dépistage cette année, dont une première en Picardie. À mi-juin, 54 pharmacies avaient participé, renvoyant au moins un dépistage à l'URPS. Trois cent vingt-neuf personnes avaient été repérées à risque, 266 déclarées éligibles selon les critères, et donc dépistées : 4,4 % ont eu des tests positifs. Les pharmaciens devront sans doute s’habituer à de telles opérations, puisque la Haute Autorité de la santé (HAS) recommande un dépistage par an pour les personnes à risque.
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