Rappels : la biothérapie est définie par l’utilisation thérapeutique de produits biologiques, par opposition à celle de produits chimiques. Ce terme recouvre de nombreux domaines différents, mais aujourd’hui il fait essentiellement référence aux traitements par des anticorps monoclonaux ciblant spécifiquement une « protéine d’intérêt » et dont l’utilisation depuis les années 2000 a amélioré spectaculairement la prise en charge de plusieurs pathologies graves.
Rappelons également que l’on distingue les anticorps complètement murins – autrement dit produits initialement à partir de la souris (suffixe – omab, comme pour le muromomab), qui exposent à des risques plus élevés de réactions allergiques – les anticorps chimériques obtenus par fusion d’un fragment du gène humain de l’immunoglobuline avec celui de la souris (un anticorps chimérique composé de 65 % de l’immunoglobuline humaine et ont un suffixe – ximab, comme pour l’infliximab ; tandis que si ce pourcentage s’élève à au moins 95 %, ces produits sont caractérisés par le suffixe – zumab, comme dans alentuzumab), qui présente l’avantage de diminuer le risque allergique, avec parfois néanmoins une possible baisse de l’affinité, et les anticorps entièrement humanisés par transfection du gène complet de l’immunoglobuline humaine dans les souris (suffixe – umab, comme pour l’adalimumab).
Les principaux mécanismes d’action correspondent à des effets anti-cytokines (antagonisation du récepteur cible, saturation de la cytokine empêchant sa fixation sur son récepteur cible, une cytotoxicité (liée notamment à l’activation du système du complément), la stimulation de la phagocytose cellulaire de la cible saturée d’anticorps, ou de l’apoptose cellulaire.
Plus spécifiquement :
- Les anti-TNF alpha s’opposent à l’activité pro-inflammatoire du TNF alpha en bloquant son récepteur (adalimumab, infliximab).
- Le canakinumab est un anticorps dirigé contre l’interleukine 1.
- L’éculizumab cible le composé C5 du complément.
- Le natalizumab, un inhibiteur de certaines intégrines, des molécules d’adhésion, exprimées notamment à la surface des lymphocytes, bloque le passage des lymphocytes activés à travers la barrière hémato-encéphalique. Le védolizumab est un autre inhibiteur récent ciblant les intégrines.
- Les antiangiogéniques s’opposent à la néo-angiogénèse en inhibant les récepteurs de certaines protéines jouant un rôle clef dans la prolifération des néovaisseaux, comme le VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor). Le ranibizumab est un anticorps monoclonal dirigé contre le VEGF-A (facteur de croissance de l’endothélium vasculaire de type A), qui induit une prolifération des cellules endothéliales, une néovascularisation et une augmentation de la perméabilité vasculaire.
Le trastuzumab est un anticorps monoclonal reconnaissant spécifiquement le récepteur du facteur de croissance épidermique (HER2), dont la surexpression (de mauvais pronostic) s’observe dans 20 à 30 % des cancers du sein.
- Le rituximab est un anticorps monoclonal anti-CD20, un récepteur lymphocytaire, exprimé, notamment, dans 95 % des lymphomes non hodgkiniens.
- L’ustékinumab est un anticorps monoclonal inhibiteur des interleukines IL-12 et IL-23, tandis que le tocilizumab bloque les récepteurs de l’interleukine 6.
- L’omalizumab neutralise les IgE.
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