UNE mère ajoutant une écharpe à son enfant, voilà un beau geste de prévention primaire. La même, appliquant la main sur le front du bambin pour dépister une fièvre débutante, et c’est la prévention secondaire qui entre en scène. Comme M. Jourdain fait de la prose, il arrive à chacun d’entre nous de faire œuvre de prévention sans le savoir. Une attitude dont les fondements remontent pourtant à l’aube de l’humanité. Savez-vous par exemple qu’en mettant à l’honneur les vertus de l’exercice et de la diététique, la prévention d’aujourd’hui s’inscrit dans la plus pure tradition hippocratique ? Et que la cyndinique - étude des risques - est l’un des piliers de la prévention primaire qui vise justement à lutter contre des risques potentiels ? Prévention et dépistage sont, dans le domaine de la santé, de précieux outils. « Mais des outils peu ou mal utilisés », déplore Christian Saout. Pour le président du CISS (Collectif interassociatif sur la santé), les consultations médicales sont trop courtes pour aborder sérieusement les thèmes de prévention, voilà pourquoi les autres professionnels de santé doivent également contribuer à la démarche, explique-t-il au Quotidien. Les pharmaciens notamment. C’est sans doute ce que se sont dit les dirigeants de la mutuelle MTRL en lançant le bilan de prévention personnalisé réalisé par les officinaux. Un service nouveau rémunéré sur la base d’une consultation de médecine générale, dont nous rappelons la genèse dans ce dossier. L’initiative n’a pas manqué de faire réagir les médecins qui menacent les potards de les traîner au tribunal. Craindraient-ils qu’à force de prévenir, les pharmaciens les empêchent un jour de guérir ? La polémique est vaine, car nul doute que l’on peut tout à la fois prévenir et guérir.