DANS le domaine de la santé, la prévention consiste à anticiper des phénomènes risquant de provoquer ou d’aggraver des problèmes de santé. On méconnaît parfois que ses fondements remontent très loin dans le temps. En effet, en mettant aujourd’hui l’accent sur l’alimentation et l’exercice, sur l’art de vivre en général, on a parfois tendance à méconnaître que cette forme de prévention est dans la plus pure tradition hippocratique remontant à plusieurs siècles avant notre ère.
Quelle prévention ?
L’Organisation Mondiale de la Santé distingue trois types de prévention : primaire, secondaire et tertiaire.
La prévention primaire consiste à lutter contre des risques potentiels n’ayant pas encore engendré effectivement d’incidents ou d’accidents ; plutôt que la suppression totale d’un risque, celle-ci vise à le réduire de manière plus ou moins importante. Il s’agit par exemple de la vaccination prophylactique, de la protection relative conférée contre les fractures ostéoporotiques par la constitution d’un capital osseux maximal au cours de l’adolescence ; elle recouvre aussi l’information du public ainsi que l’éducation à la santé.
La prévention secondaire correspond essentiellement au dépistage des maladies, permettant de les traiter précocement et donc d’augmenter en général considérablement les chances de guérison.
Enfin, la prévention tertiaire vise à diminuer la prévalence des récidives (par exemple d’un accident cardiovasculaire comme les infarctus du myocarde ou les accidents vasculaires cérébraux) ou des incapacités chroniques.
Certains y ajoutent même la notion de prévention quaternaire, correspondant à l’accompagnement du mourant et comprenant les traitements et soins palliatifs prévenant les souffrances de la fin de vie.
Le rôle essentiel de l’épidémiologie.
Dans toute lutte, il est de la plus grande importance de connaître au mieux l’adversaire, ce qu’il est, où et quand il frappe et quelles sont les circonstances favorisant sa survenue ou aggravant ses conséquences. Dans ce processus difficile et complexe de recueil d’information, l’épidémiologie tient une place centrale. Elle permet en quelque sorte de dessiner le champ de bataille.
Signalons à ce sujet que l’étude des risques correspond à la cyndinique, dérivé du grec ancien signifiant « danger ». L’épidémiologie, sans doute la principale science fondamentale de la santé publique, est la science ayant pour objet l’étude de la survenue, la répartition et les déterminants des états de santé et des maladies dans la population. On en distingue plusieurs catégories :
- L’épidémiologie descriptive : elle recense la répartition des malades dans l’espace, le temps et les groupes sociaux.
- L’épidémiologie analytique ou étiologique : elle consiste à mettre en évidence des facteurs étiologiques ou de risque permettant, dans certains cas, de prévenir une maladie.
- L’épidémiologie évaluative ou d’intervention : en plein développement, elle permet de mesurer l’efficacité des mesures mise en œuvre.
Pour mémoire, rappelons les informations extrêmement importantes issues du suivi depuis 1950 d’une cohorte de personnes âgées initialement de 30 à 60 ans habitant à Framingham, près de Boston aux États-Unis, qui s’intéresse notamment aux facteurs de risque cardiovasculaires.
L’essor irrésistible de la vaccination.
S’il est un mode de prévention devenu emblématique, c’est bien la vaccination ! Bien que les Chinois aient pratiqué la variolisation à partir du XIe siècle (inoculation d’une forme de variole espérée peu virulente), importée en Europe de Constantinople au début du XVIIIe siècle par Lady Montagu, les premiers pas de la vaccination telle que nous la connaissons ne seront réalisés qu’à partir de 1796 grâce à l’esprit d’observation, et à la combativité, du médecin anglais Edward Jenner. Puis vint, bien sûr, le grand Louis Pasteur qui exploita notamment les travaux de Robert Koch (découvreur du bacille agent de la tuberculose), réalisant la première vaccination humaine (depuis celle de Jenner contre la variole) en 1885 contre la rage.
Bien du chemin a été parcouru depuis (plus de 5 milliards de doses ont été fabriquées en 2008) et les vaccins permettent aujourd’hui de prévenir 25 maladies infectieuses et on estime que les vaccinations ont, depuis 1950, contribué à diviser par 30 ou plus en France la mortalité due à certaines infections.
Les plus récents bénéficient, notamment, des fantastiques potentialités du génie génétique, comme en ce qui concerne les vaccins contre les infections chroniques à papillomavirus humains à l’origine du cancer du col de l’utérus, la recherche demeurant extrêmement active en ce domaine.
Parmi les nouveaux vaccins dont l’OMS espère le développement d’ici 2015, citons ceux contre la dengue, le paludisme et le virus syncytial respiratoire. De nouvelles techniques d’administration verront sans doute le jour d’ici là, comme la multiplication de vaccins administrés par spray nasal, voire peut-être grâce à des timbres.
Article précédent
Les limites du dépistage
Article suivant
Le bilan personnalisé : une offre qui fait débat
« Ne pas trop médicaliser la prévention »
Détecter la DMLA en trois leçons
Sécuriser le lieu de vie avec la proximologie
Dépistages à l'officine
Des compléments alimentaires au cœur de la prévention
Des gestes quotidiens pour un traitement efficace
Les limites du dépistage
Petite histoire de la médecine préventive
Le bilan personnalisé : une offre qui fait débat
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %